Page:Satyre menippee garnier freres 1882.djvu/171

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point esté si bien morigenée, si modeste et si paisible, qu’elle est maintenant par la grace et faveur de vous autres Messieurs. Car, au lieu que nous soulions[1] veoir tant de fripons, friponniers, juppins [2], galoches [3], marmitons, et autres sortes de gens malfaisants courir le pavé, hanter les bordeaux, tirer la laine, et quereler les rostisseurs de Petit Pont, vous ne voyez plus personne de telles gens par les colleges. Tous les supposts des Facilitez et Nations, qui tumultoient pour les brigues de licences, ne parois-sent plus. On ne joue plus de ces jeux scandaleux et satyres mordantes aux eschaffauts des colleges, et y voyez une belle reformation ; s’estants tous ces jeunes regents retirez, qui vouloient monstrer à l’envy qu’ils savoient plus de grec et de latin que les autres. Ces factions de maistres-és-arts, où l’on se batoit à coups de bourlet et de chaperon, sont cessées : tous ces escholiers de bonne maison, grands et petits, ont faict gille 4. Les libraires, imprimeurs, parler en latin francisé rappelle un amusant passage de Rabelais : Comment Pantagruel rencontra ung Limosin qui contrefaisoit le languaige françois. (Pant. , liv. II, c. VI. )

  1. ions coutume.
  2. t de l’argot des écoliers parisiens qui paraît signifier : habitué des mauvais lieux, débauché.
  3. Surnom des écoliers qui habitaient en ville et non dans les collèges. 4. Expression populaire : disparaître, s’éclipser.