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esprit, né pour les Empires et la Monarchie universelle du monde habitable, s’humilie à si petits desseins et indignes de vous et de vostre feu pere, que Dieu absolve, s’il est permis d’ainsi parler des Saincts [1].

Et vous, Monsieur le Lieutenant (à qui il faut maintenant que je parle), que pensez-vous faire ? Vous estes gros et replet ; vous estes pesant et maleficié[2] ; vous avez la teste assez grosse pour porter une Couronne. Mais quoy ! vous dites que n’en voulez point, et qu’elle vous chargeroit trop. Les meschants Politiques disent qu’ainsi disoit le regnard des meures. Vous empeschez soubs mains que vostre nepveu ne soit esleu ; vous deffendez aux deputez qu’on ne touche point sur cette grosse corde de la Royauté. Que ferons-nous donc ? Il nous faut un Roy, lequel, comme disent les docteurs Politiques, m elius sumitur quam quœritur. Vous faictes croire au Roy d’Espagne que vous gardez le Royaume de France pour luy et pour sa fille ; et soubs ceste esperance, vous tirez du bon homme tout ce que les

  1. usieurs prédicateurs, entre autres le jacobin Le Hongre à Notre-Dame de Paris, traitèrent le duc de Guise de saint martyr.
  2. santé était compromise par suite d’excès, comme on l’a vu plus haut.