Page:Satyre menippee garnier freres 1882.djvu/187

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Indes et le Perou luy peuvent envoyer. Il vous entretient vostre plat, il vous envoye des armées ; mais non pas à vostre devotion, car il se garde de vous, et vous deffiez l’un de l’autre comme aveugles, et vous entendez comme larrons. Cependant vous avez irrité les Seize, qui vous accusent qu’estes un marchand de Couronnes, et avez mis celle de France au plus offrant[1]. Ils en font des livres à votre prejudice, où ils dechiffrent toutes vos actions. Ils disent que vous avez des pratiques sourdes avec le Biarnois, et luy faictes porter des paroles par Villeroy et Zamet pour l’endormir, et luy faire entendre qu’estes bon François et ne serez jamais Espagnol ; et que pouvez luy remettre Paris et luy rendre tout son Royaume paisible, quand il aura esté à la messe et reconneu nostre Sainct Pere. Et soubs ceste ruse avez tiré quarante mil escus politiques pour trois mois, qui devoient valoir pour quatre, à dix mil escus piece, faisant entendre que le Roy d’Espague rongneroit vos distributions s’il sçavoit que traitassiez d’accord avec les Heretiques. Mais on a descouvert que secretement vous envoyez vos agents à Rome et en Espa-

  1. En effet, le duc de Mayenne avait offert la couronne de France au roi d’Espagne, à l’archiduc Ernest, puis aux ducs de Lorraine et de Savoie, stipulant toujours des conditions fort avantageuses pour lui.