Page:Satyre menippee garnier freres 1882.djvu/201

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un van. Bref, j’ay mille gentils moyens pour tirer la quinte-essence de leurs bourses, et avoir leur substance pour les rendre belistres[1] à jamais, eux et toute leur race. Que m’en soucié-je, pourveu que j’en aye ? Qu’on ne me parle point là-dessus du poinct d’honneur : je ne sçay que c’est. Il y en a qui se vantent d’estre descenduz de ces vieux chevaliers François qui chasserent les Sarrazins d’Espagne, et remirent le Roy Pierre en son Royaume ; les autres se disent estre de la race de ceux qui allerent conquerir la Terre Saincte avec sainct Loys ; les autres, de ceux qui ont remis les Papes en leur Siege par plusieurs fois, ou qui ont chassé les Anglois de France et les Bourguignons de la Picardie ; ou qui ont passé les monts, aux conquestes de Naples et de Milan, que le Roy d’Espagne a usurpé sur nous. Il ne me chaut de tous ces tiltres et pancartes, ni d’armoiries, tymbrées ou non tymbrées[2] : je veux estre vilain de quatre races, pourveu que je reçoive tousjours les tailles sans rendre compte. Je n’ay point leu les livres, ny les histoires et annales de France, et n’ay que faire de sçavoir s’il est vray qu’il y ait eu des Paladins et Chevaliers de

  1. uvres, réduits à la mendicité.
  2. rme de blason. Le timbre est le casque ou le cimier que l’on place au-dessus des armoiries.