Page:Satyre menippee garnier freres 1882.djvu/230

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et les amena à Melun. Et ce fut lors que mondit sieur le Prince et messieurs de Chastillon, ne se sentants assez forts de leur chef ni de leurs maisons, pour resister à si puissants ennemis couverts de l’authorité Royale, se firent Lutheriens tout à faict, et se declarerent chefs et protecteurs des nouveaux Heretiques, lesquels ils appellerent à leur secours ; et, par leur moyen, en guerre ouverte, se saisirent de plusieurs grosses villes de ce Royaume, sans toutesfois faire aucune mention de leur religion, mais seulement pour la deffense du Roy et de sa mere, et pour les oster de la captivité où monsieur vostre pere les detenoit. Et vous sçavez, Monsieur le Lieutenant, que ces gens-là se sont toujours vantez que ce qu’ils en avoyent faict avoit esté à la requestc et au mandement de la Roynemere, de laquelle ils ont publié et faict imprimer les lettres à eux par elle escrites à ceste fin[1]. Vous n’ignorez pas ce qui se passa en ceste guerre, et comme déz lors le Roy d’Espagne envoya à vostre pere du secours, mais tel que j’ay honte d’en parler : tous bisognes[2] ramassez, qui jamais ne voulurent combattre à la bataille de

  1. Il y avait, entre autres, quatre lettres adressées au prince de Condé, écrites et signées par la reine mère, où elle se plaignait que son fils et elle étaient prisonniers des Guise.
  2. Troupes nouvellement enrôlées.