Page:Satyre menippee garnier freres 1882.djvu/231

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Dreux, et se couvrirent des chariots du bagage. Toutesfois, cela fut une amorce pour allumer le courage des partisans et leur faire esperer qu’ils feroient bien quelque chose davantage une autre fois, s’ils venoient encore à s’entrebattre. Mais, du depuis, les divers changements de nos affaires donnerent bien à l’Espagnol un autre jeu. Car, vostre pere mort, et la paix faicte, connoissant neantmoins ces puissantes familles animées et aheurtées l’une contre l’autre sans espoir de reconciliation, il pratiqua monsieur le Cardinal vostre oncle, qui ne dormoit pas de son costé, pour entretenir les troubles et divisions en ce Royaume, soubs le nom specieux de la Religion, de laquelle auparavant on avoit faict peu ou point d’estat. Monsieur vostre oncle, comme il estoit adroit, ingenieux et complaisant à qui il vouloit, sceut tellement gaigner le cœur de la Royne-mere, et la Royne-mere celuy du Roy son fils, qu’il leur persuada que messieurs les Princes de Bourbon aidez de ceux de Montmorency et de Chastillon, ne demandoient que sa ruine, et n’auroient jamais patience ni cesse qu’ils ne l’eussent chassée du Royaume et renvoyée eu Italie cheuz ses parents.

Dieu fasse pardon à la bonne Dame ! Mais, pour l’apprehension qu’elle en eut, j’ay grand peur