Page:Satyre menippee garnier freres 1882.djvu/296

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pagne : luy, qui est Italien et vassal d’un Prince estranger ne doit avoir icy ni rang ni séance ; ce sont icy les affaires des François qui les touchent de près, et non celles d’Italie et d’Espagne. D’où luy viendroit ceste curiosité, sinon pour profiter à nostre dommage ? Et vous, Monsieur de Pelvé, vous faict-il pas bon veoir, en ceste Compagnie, plaider la cause du Roy d’Espagne et les droits de Lorraine ? vous, di-je, qui estes François, et que nous connoissons estre né en France, avoir neantmoins renoncé à vostre chresme et vostre nation, pour servir à vos idoles de Lorraine et aux demons meridionaux[1]. Vous deviez encore amener et faire seoir icy sur les fleurs de lys le duc de Feria et Mendoze, et Dom Diego, pour prendre leur advis comment la France se doit gouverner, car ils y ont interest ; et avez tort, Monsieur le Lieutenant, que ne les y avez receuz, comme impudemment ils l’ont demandé[2]. Mais leur presence seroit inutile, puis qu’ils ont icy leurs agents et avocats, qui ont si dignement parlé pour eux ; et puis vous n’oublierez rien à leur communiquer du resultat de nos deliberations. Mais je vous deman-

  1. Les démons méridionaux désignent ici les Espagnols.
  2. Le duc de Feria, dom Diego d’Ibarra et Mendoze furent seulement admis le 2 avril 1593, à présenter aux États les propositions qu’ils avaient à faire de la part du roi d’Espagne.