qu’eussiez le cœur si serf et abject pour le caresser et rechercher comme vous faictes ! On a veu de leurs lettres surprises et dechifrées, par lesquelles ils vous nomment Puerco, et quelquefois Bufalo, et en d’autres Locho profiado[1] ; et generalement leur Roy se mocque de vous, et mande à ses agents de vous entretenir de bayes[2] et belles paroles sans effect, et prendre garde que ne preniez trop de pied et d’authorité.
Les Royaux, vos adversaires, croyent que vous ne demandez la treve que pour attendre vos forces, et mieux dresser vostre partie à Rome et en Espagne ; et nous disons que c’est pour faire durer la guerre[3] et mieux faire vos affaires particulieres. Cela estant, comment esperez-vous, foible comme vous estes, faire croire que vous nous voulez et pouvez sauver ? Cela ne se peut, sinon par une negociation publique et authentique, qui justifie et authorise une droite intention : c’est chose que pourriez faire soubs le bon plaisir du Pape, afin de rendre à sa Saincteté le respect que luy devez. Pourroit-elle trouver mauvais
- ↑ Porc, buffle, sot, entêté.
- ↑ C’est-à-dire de promesses trompeuses.
- ↑ Dans les lettres qui furent interceptées, le duc de Mayenne écrivait au roi d’Espagne qu’il n’avait tait des propositions de trève ou de paix à Henri IV, que pour l’amuser, et donner à sa Majesté Catholique le temps d’envoyer en France des secours pour la Ligue.