Page:Satyre menippee garnier freres 1882.djvu/316

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guieres, qui ne luy ayde guieres[1] : celuy-là se doit contenter de nous avoir soubstrait le Marquisat de Saluces par fraude et trahison, en danger de le rendre bientost au double, si nous avons un peu de temps pour prendre haleine. Cependant il aura ce plaisir de se dire Roy de Chypre, et tirer son antiquité de Saxe ; mais la France n’est pas un morceau pour sa bouche, quelque bipedale qu’elle soit, non plus que Geneve, Genes, Final, Monaco, et les Figons[2] qui luy ont tousjours faict la figue. Au demourant, il fera bonne bosse[3] avec la dedaigneuse altesse de son Infante[4], qui servira plus à le ruiner

    quisat de Saluces en 1588, et, profitant des troubles de nos guerres religieuses, essaya en 1590 de s’approprier le comté de Provence.

  1. Jeu de mot sur le nom de Lesdiguières (l’aide y guère).
  2. Surnom injurieux des habitants de Milan. Le peuple de cette ville ayant chassé la femme de l’empereur Fréderic Barberousse, après l’avoir placée sur une mule, le visage tourné vers la croupe de l’animal, l’empereur assiégea la ville. S’en étant rendu maître, il y lit un grand carnage des habitants ; puis enfin laissa la vie à ceux qui restaient, à condition qu’ils tireraient avec les dents et remettraient de même une figue enfoncée dans l’anus de la mule. Quand ils avaient réussi, ils devaient montrer la figue au bourreau en criant : voici la figue. L’expression faire la figue à quelqu’un a été conservé en Italie comme injure.
  3. Le duc de Savoie était contrefait ; c’est pour cela qu’il fera bonne bosse au lieu de faire le gros dos, c’est-à-dire se pavaner, se gonfler d’orgueil.
  4. Catherine-Michelle d’Autriche, fille de Philippe II d’Es-