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Page:Satyre menippee garnier freres 1882.djvu/325

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vaillé aux affaires serieuses qui importent nostre repos, et aprés qu’ils se sont lassez aux grandes actions des sieges, des batailles, des castrametations[1] et logis de leurs armées. Il n’est possible que l’âme soit tousjours tendue en ces graves et pesantes administrations, sans quelque rafraischissement et diversion à autres pensées plus agréables et plus douces ; c’est pourquoy le Sage mesme a dit : Bonum est pauxillum amare sanè ; insanè non est bonum.

Aymer ung peu sagement, n’est que bien ; Mais trop aymer follement, ne vaut rien.

Il ne fut jamais que les peuples ne fissent d’iniques jugements des actions des Princes, et ne se meslassent tousjours d’interpréter sinistrement leurs mœurs et complexions, ne se souvenants pas qu’il n’y a ung seul de ceux qui en jugent qui ne fasse pis, et qui n’ait beaucoup de plus grandes imperfections. Les Roys, pour estre Roys, ne laissent pas d’estre hommes, sujets aux mesmes passions que leurs subjects : mais il faut confesser que cestuy-cy en a moins de vicieuses qu’aucun de ceux qui ont passé devant luy ; et, s’il a quelque inclination à aymer les choses belles, il n’ayme que les parfaites

  1. La science qui concerne les camps, le choix de leur emplacement, leur disposition, etc.