Page:Satyre menippee garnier freres 1882.djvu/331

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servir de gladiateurs à outrance et nous entretuer pour vous donner du plaisir. Allons, Messieurs de Lorraine, avec vostre hardelle[1]de princes, nous vous tenons pour fantosmes de protection, sangsues du sang des Princes de France, hapelourdes[2], fustes evantées[3]reliques de saincts[4], qui n’avez ne force ne vertu. Et que Monsieur le Lieutenant ne pense pas nous empescher ou retarder par ses menaces ! Nous luy disons haut et clair, et à vous tous ; Messieurs ses cousins et alliez, que nous sommes François, et allons avec les François exposer nostre vie et ce qui nous reste de bien pour assister nostre Roy, nostre bon Roy, nostre vray Roy, qui vous rangera aussy bientost à la mesme reconnoissance par force, ou par un bon conseil que Dieu vous inspirera, si en estes dignes.

Je sçay bien qu’au partir d’icy vous m’envoierez

  1. Hardelle, troupeau d’animaux maigres et en mauvais état. En l’année 1584, il y eut à la fois à Paris treize princes de la maison de Lorraine : c’est la hardelle de la satyre.
  2. Pierres fausses, d’où, au figuré, gens d’apparence, mais sans mérite ni valeur réelle.
  3. Petits navires longs et plats, marchant à rames et à voiles. Une fuste éventée est celle qui est percée et laisse passer l’eau.
  4. Les saints c’étaient le duc et le cardinal de Guise, tués à Blois. Leurs reliques, c’est-à-dire ceux qui leur ont survécu, sont tous ces petits princes de leur maison.