Page:Satyre menippee garnier freres 1882.djvu/339

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Je ne sçavoy de prime face que cela pouvoit signifier ; mais, ayant regardé de plus prés le visage dudit Géant, il me sembla qu’il ressembloit à celuy de Monsieur le Lieutenant, et avoit la teste et le ventre aussi gros que luy, avec tous les lineaments des yeux, du nez et de la barbe, lorsqu’il n’avoit point la pelade de Rouen[1] ; et au dessous estoient escrits ces quatre vers, qui me firent entendre tout le mystere :

GEANT, TU AS BEAU TE HAULSER
ET T’ESLEVER SUR CESTE ROUE,
SI DIEU NOUS VOULOIT EXAUCER,
AUX CORBEAUX TU FEROIS LA MOUE.

A la suite de ce tableau, y en avoit ung autre de non moindre artifice et plaisir[2], où estoit painct un petit homme, meslé de blanc et rouge[3], habillé à l’Espagnole, et neantmoins portant la chere[4] Françoise, qui avoit deux noms[5]. A son costé droit avoit

  1. Maladie vénérienne. « Là je vey ung jeune parazon guarir les verollez, je dy de la bien fine ; comme vous diriez de Rouen. » (Rabelais, Pantag. L. V, ch. XXI. )
  2. Ce tableau a été supprimé dans la troisième édition de 1594
  3. Les couleurs de France et d’Espagne.
  4. De l’italien cera ou ciera qui signifie visage.
  5. Nicolas de Neuville, marquis de Villeroy. Il se rallia à Henri IV, après son abjuration. C’est ce qui a fait supprimer ce passage dans les éditions suivantes.