Page:Satyre menippee garnier freres 1882.djvu/340

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une escritoire pendue[1] et au gauche une espée qui tenoit au bout, dont le pommeau estoit couronné d’un chapeau de fleurs, comme les pucelles qu’on enterre. Sa contenance estoit double, et son chapeau doublé, et sa gibeciere quadruplée[2], et dessus sa teste, du costé d’entre le soleil de midy et le couchant, pleuvoit une petite pluie d’or, qui luy faisoit trahir son Maistre ; et avoit en sa main une couronne de papier qu’il présentoit à une jeune dame[3], muette et bazanée, laquelle sembloit l’accepter in solidum avec ung beau petit mary de beurre fondu au soleil[4]. Je ne pouvoy comprendre que vouloit dire la figure, sinon par l’inscription que je vy au dessoubs en ces mots :

Vendidit hic auro patriam, dominumque potentem
Imposuit.

Et au dessus d’iceluy tableau y avoit cest autre vers :

Eheu ! ne tibi sit privata injuria tanti.

Qui me fit douter que c’estoit une des personnes

  1. Il avait été secrétaire d’État sous Charles IX et Henri III.
  2. Remplie de quadruples d’Espagne.
  3. L’Infante Isabelle.
  4. L’archiduc Ernest auquel les Espagnols voulaient la marier en la faisant reine de France.