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Page:Satyre menippee garnier freres 1882.djvu/36

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auteurs ont eu l’ingénieuse idée de mettre dans la bouche des orateurs l’exposé des motifs secrets qui les font agir. C’est une véritable confession de laquelle disparaît le prétexte spécieux du bien public, et où toutes les actions des personnages sont, par eux-mêmes, cyniquement exposées sous leur vrai jour, avec l’aveu sincère, et comme inconscient, des vues d’ambition et d’intérêt personnel qui seules les dirigent.

Ainsi paraissent successivement le Légat, le cardinal de Pellevé, l’archevêque de Lyon, le recteur Rose, et le sieur de Rieux, venant avouer naïvement qu’ils n’agissent que pour le compte de l’Espagne ou de la cour de Rome, qui les en a récompensés ou les en récompensera. De Rieux, qui personnifie bien le hobereau ignorant qui emploie sa force pour opprimer les faibles, le soudard qui aime la guerre, non par courage, mais parce qu’elle lui permet de piller et de vivre sur le paysan, de Rieux se complait dans l’aveu de ses crimes, trouve que le gouvernement de la Ligue, qui les lui laisse commettre, est le meilleur des gouvernements, et ne s’étonnerait nullement si les États le choisissaient pour roi de France.

Vient alors la Harangue de d’Aubray. Claude d’Aubray, secrétaire du roi, avait été élu Prévôt des marchands de Paris, en 1578. Pendant la Ligue il se montra l’adversaire déclaré des Seize. Les ligueurs parisiens le regardaient comme le chef des politiques, c’est-à-dire des royalistes, et en effet il entretenait une correspondance avec Séguier, partisan du roi, et cherchait à faire conclure la paix. Il parle comme député du tiers état, et sa harangue, la