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Page:Satyre menippee garnier freres 1882.djvu/83

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Qui a de l’honneur envie
Ne doit pourtant en mourir :
Où il y va de la vie,
Il n’est que de bien courir.


Et au coing de ladite piece se voyoit Pigenat[1] au lict malade, furieux et enragé de ceste fortune, et attendant la response de la lettre qu’il avoit escrite en poste à Madame Saincte Genevieve, bonne Françoise s’il en fut jamais[2].

En la sixiesme estoit depeinct le miracle d’Arques[3], où cinq ou six cents desconfortez, prests de passer la mer à nage, faisoient la nique, et mettoient en route par les charmes du Biarnois douze ou quinze mille rodomonts, fendeurs de nazeaux, et mangeurs de charrettes ferrées. Et, ce qui en estoit le plus beau, estoient les dames de Paris aux fenestres, et autres qui avoient retenu place dix jours devant, sur les boutiques et ouvroirs de la rue Sainct-Anthoine, pour veoir amener le Biarnois prisonnier, en triomphe, lié et bagué ; et comment il leur bailla belle, parce qu’il

  1. Odon Pigenat, jésuite ligueur, et membre du Conseil des Seize. Mourut de frénésie à Bourges.
  2. Patronne de Paris, que les ligueurs affectaient de regarder comme de leur parti.
  3. Bataille remportée par le roi de Navarre sur la Ligue, le 13 septembre 1589.