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Page:Satyre menippee garnier freres 1882.djvu/82

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Quand ouverte est la barriere
De peur de blasme encourir,
Ne demeurez point derriere :
Il n’est que de bien courir.


Courir vaut un diadesme,
Les coureurs sont gens de bien :
Tremont et Balagny mesme,
Et Congy[1], le sçavent bien.


Bien courir n’est pas un vice :
On court pour gagner le prix.
C’est un honneste exercice :
Bon coureur n’est jamais pris.


Qui bien court est homme habile.
Et a Dieu pour son confort :
Mais Chamois et Menneville
Ne coururent assez fort[2].


Souvent celuy qui demeure
Est cause de son meschef :
Celui qui fuit de bonne heure
Peut combattre de rechef.


Il vaut mieux des pieds combattre,
En fendant l’air et le vent,
Que se faire occire ou battre,
Pour n’avoir pris le devant.
  1. Trémont, capitaine des gardes du duc de Mayenne ; Jean de Montluc-Balagny, amena de Cambrai des troupes et du canon au siège de Senlis ; Congy ou Congis, chevalier du guet, s’enfuit et se cacha dans Paris après la bataille de Senlis.
  2. Guédon, sieur d’Esclavoles et de Chamois, tué à la bataille de Senlis ; François de Roucherolles-Menneville, tué au même lieu en défendant bravement l’artillerie abandonnée.