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Page:Satyre menippee garnier freres 1882.djvu/88

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Madame d’Espagne luy servoit de sage femme et de nourice, pour recevoir et allaicter son fruict.

En la dixiesme estoit fort bien historiée la prise de la ville de Sainct-Denis par le chevalier d’Aumale[1] ; et y paroissoit le sieur de Viq, et le sainct Apostre de France, qui lui fortifioit sa jambe de bois ; et sainct Anthoine des Champs, qui mettoit le feu aux poudres pour espouvanter les Parisiens. Au dessus de ladite piece estoit un escriteau contenant ces mots :


Saint Anthoine pillé par un chef des Unis[2],
Alla comme au plus fort s’en plaindre à sainct Denys,
Qui lui a, de ce tort, la vengeance promise.
Un peu de temps aprés, ce paillart entreprit
De prendre Sainct-Denys : mais sainct Denys le prit,
Et vangea dessus luy l’une et l’autre entreprise.


Et au bas estoit l’epitaphe dudit chevalier d’Aumale comme il s’ensuit, fors qu’il ne faisoit nulle mention qu’il fust mangé des rats et des souris[3].

  1. Claude de Lorraine, chevalier d’Aumale, le bras droit des Seize, fort redouté à Paris de tout ce qui n’était pas ligueur. Ayant tenté l’escalade de Saint-Denis, dans la nuit du 3 au 4 janv. 1591, il fut repoussé par le gouverneur Dominique de Vicq, et tué à l’âge de 28 ans.
  2. Le 3 mai 1590, le chevalier d’Aumale, dans une sortie faite par la porte Saint-Antoine, força l’abbaye de Saint-Antoine-des-Champs et la pilla. Saint-Denis se chargea de la vengeance de son voisin. (V. la note précéd. )
  3. Ce ne fut que le 11 janvier 1591 que ses parents envoyèrent chercher le corps du chevalier d’Aumale à Saint-Denis, pour le