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Page:Satyre menippee garnier freres 1882.djvu/90

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La douziesme et derniere auprés des fenestres, contenoit le portraict, fort bien tiré de son long, de Monsieur le Lieutenant habillé en Hercules Gallicus[1], tenant en sa main des brides sans nombre, desquelles estoient enchevestrez des veaux, aussi sans nombre. Au dessus de sa teste, comme en une nue, y avoit une Nymphe qui avoit un escriteau portant ces mots : Gardez vous de faire le veau[2]. Et par la bouche dudit sieur Lieutenant en sortoit un autre, où estoient escrits ces mots : Je le feray.


Voila, au plus prés, ce que je peu remarquer dedans ladite Tapisserie. Quant aux bancs, aux sieges, où se devoient asseoir Messieurs les Estats, ils estoient tous couverts de tapis, parsemez de croisettes de Lorraine[3], noires et rouges, et de larmes imparties de vray et de faux argent, le tout plus vuide que plein[4], pour l’honneur de la feste.

  1. Plaisanterie dirigée contre le duc de Mayenne, qui n’avait d’un Hercule que la corpulence.
  2. Faire le veau, expression proverbiale qui se disait de ceux qui échouaient maladroitement dans une affaire importante.
  3. Un quartier des armoiries de la maison de Lorraine portait des croisettes d’or.
  4. L’assemblée des États généraux n’était pas au complet, les provinces qui reconnaissaient le roi n’ayant pas envoyé de députés.