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DES CHEVAUX

tire une partie de la nourriture de l’Oeil ; & eſt ſouvent capable de faire perdre tout-à-fait la Vûë. Pour y remédier, il faut bien attacher le Cheval, qu’il ne puiſſe pas branler, ou en tout cas l’abattre ; enſuite paſſer adroitement une Piece d’Or ou d’Argent deſſous cette Croiſſance de Chair, qui eſt entre la Prunelle & l’Onglée, & enſuite avec une groſſe éguille enfilée d`une groſſe ſoye, percer le milieu de cette Croiſſance de Chair, afin d’y faire paſſer la ſoye pour tirer en dehors la Croiſſance ; & avec des Cizeaux la couper. La grandeur ſera à peu près comme un ſol : Cette operation étant faite, il ne s’agira que de bien laver les Yeux 3. ou 4. fois par jour avec de l’Eau fraîche.

Après avoir donné la connoiſſance de ce qui peut arriver aux Yeux des Chevaux, auſſi-bien que des Remedes qu’on peut y aporter ; il faut venir aux autres Maladies, dont une eſt la Gourme ; & avant que d’en donner la connoiſſance, il faut ſavoir que les Chevaux jettent par le Nez de huit ſortes de Maladies, que beaucoup de gens ne connoiſſent pas, & ſe contentent ſeulement de dire, que le Cheval jette la Gourme, ou qu’il a la Morve. Avant que d’entreprendre quelque Remede pour un Cheval qui jette la Gourme, il eſt neceſſaire d’en connoître les differentes ſortes. Il y en a cinq, que l’on peut eſpérer de guerir ; & trois incurables. Ce qui prouve qu’on fait très-ſouvent de la depenſe inutile, faute de cette connoiſſance. Quoiqu’on puiſſe eſpérer de guerir le Cheval des cinq premiéres, il peut cependant quelque fois en mourir, nonobſtant les meilleurs Remédes ; ſuivant la diſpoſition de la Maladie; & ſelon celle du dedans du Corps & des Parties nobles. Cette premiere Gourme peut ſe comparer à la petite Verole qui vient aux perſonnes & qui fait quelque fois mourir, malgré les ſoins & l’aſſiſtance des meilleurs Medecins. Elle s’appelle Gourme ; la ſeconde Fauſſe Gourme ; la troiſième Morſondure ; la quatrième Etranguillon ; la cinquième Mal de Tête de contagion.

Comme il a été dit que la Gourme peut être comparée à la petite Verole, cependant il y a bien du monde âgé qui ne l’ont jamais eûë ; mais on ne doit pas ignorer que tous les Chevaux doivent jetter la Gourme dans leur Jeuneſſe, ſoit parfaitement ou imparfaitement. On ſaura donc, qu’elle doit ſe manifeſter à un Cheval, vers l’âge de 3, 4, ou 5 ans ; aux uns plûtôt aux autres plus tard ; mais après les cinq ans, cette Maladie ne doit plus s’appeller Gourme, comme ou le verra dans la ſuite.

CONNOISSANCE DE LA GOURME


LOrs qu’on voit ſous la Ganache d’un Cheval, entre les deux Os, une groſſe Enflure & qu’il jette une matiére blanche, il n’y a pas d’autre connoiſſance que celle-là ; & plus l’Enflure eſt groſſe & plus facilement le Cheval guérira, pour peu qu’il ſoit ſoigné, tant interieurement qu’exterieurement, ſoit en telle Saiſon que ce puiſſe être : outre qu’en hiver principalement quand il géle bien fort, les Pores ſont plus reſſerrez que dans un autre tems. Si c’eſt en Eté, ou au Printems, étant la Saiſon ordinaire que cette Maladie ſe manifeſte, alors une bone Pâture eſt preſque capable de guérir le Cheval, au lieu qu’en Hiver il faut le tenir toûjours chaudement & qu’il ne boive jamais froid, mais à l’eau blanchie avec de la Farine, ou un peu de Son. Il ne lui faut point donner d’Avoine ; il faut du Son dans de l’eau boüillante & ne pas apprehender qu’il ſe brûle ; la fumée qui ſortira

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