Page:Saunier - La Parfaite Connaissance des chevaux.djvu/25

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
16
LA PARFAITE CONNOISSANCE

du Seau contribuera à lui faire jetter la Gourme beaucoup plus facilement : Outre que pour faciliter la groſſeur qui eſt ſous la Ganache, il faudra la frotter avec la compoſition ſuivante.

Onguent Roſat
 4. Onces
Onguent d’ Altea
 4 Onces
Onguent Populeum
 4 Onces
Miel Commun
 4. Onces
Onguent Baſilicum
 8. Onces

Le tout fondu à petit feu ; après l’avoir retiré de deſſus, il faudra le bien remuer juſqu’à ce qu’il devienne froid, & de cette compoſition l’ayant bien frotté, lui attacher ſous la Ganache une peau d’Agneau, ou de Lièvre du côté du poil, pour le tenir chaudement ; & lorſque cette groſſeur ſera percée, y mettre dans le trou un petit bouchon de filaſſe bien gras d’Onguent Baſilicum ; à ſon deſſaut un morceau de Lard qui ſoit bien deſſalé, & mettre de la filaſſe par deſſus, pour que le Lard reſte dans le trou ; & le panſer juſques à gueriſon. Lorſque l’Apoſtume eſt crevée vous pouvez compter votre Cheval hors de danger & bientôt guéri. S’il étoit trop dégoûté, on pouroit lui faire prendre quelques Cordiaux ; ſavoir deux Onces de bon Thériaque, une demie Once de Rhubarbe en poudre, & une demie Once de Criſtal minéral, le tout diſſous dans une bouteille de Vin. Il faut que le Cheval ſoit à jeun, c’eſt à dire, qu’il y ait 4. ou 5. heures qu’il n’ait ni bû ni mangé & qu’il reſte après autant de tems.

FAUSSE GOURME.


CEtte Maladie ſe manifeſte ſouvent comme la Gourme & differemment dans d’autres tems. Si elle ſe manifeſte comme la Gourme, il faudra la traiter de même ; mais il arrive quelquefois qu’elle ſe manifeste autrement. La fauſſe Gourme peut ſortir par pluſieurs endroits, quelque fois par un Pied, par une Jambe, par un Jaret, par une Hanche, par une Epaule, par le Poitrail, par les Oreilles, ou par les Yeux ; & ſi l’on n’y prend pas garde, la Prunelle peut tomber en pourriture, comme la petite verole peut faire aux perſonnes. Il ne s’agit donc que de voir qu’un Cheval ſoit encore jeune, c’eſt à dire, de 4. 5. & 6. Ans, même juſqu’a 7. C’eſt une preuve que lorſque le Cheval a jetté ſa Gourme, il la jettée imparfaitement & que les vilaines Humeurs lui ont reſté dans le Corps & dans la Maſſe du ſang. Il arrive que lorſqu’un Cheval a jetté imparfaitement la Gourme juſqu’à ce qu’il ait jetté toutes les vilaines humeurs, il paroît au Travail ſouvent ſans force, ſans ſenſibilité & peſant ; en un mot quoi qu’il ne ſoit pas malade il eſt toujours lâche, juſqu’à ce qu’il ait tout-à-fait fini de jetter. Cette connoiſſance ſe fait voir par quelques Enflûres qui deviennent en Apoſtume, jettant de la matiére par une des parties qui ont été ci-devant mentionnées. On peut frotter les Enflures qui paroîtront avec les mêmes Onguens que l’on a mis ſous la Ganache de ceux qui ont la Gourme. Si on n’avoit point de ces ſuſdites Drogues à ſa diſpoſition, il faudra prendre de l’Orge mondée, ou de l’Avoine mondée ; & au deffaut, de la Farine de Seigle, la faire cuire dans du Lait, en faire une Pappe fort épaiſſe & enſuite y ajoûter de l’Huile de Lampe à diſcretion & avec de la Filaſſe l’appliquer ſur cette groſſeur, tous les jours une fois, auſſi chaud

que