Page:Saurin - Œuvres choisies, Didot, 1812.djvu/32

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Spartacus s'est couvert d'une immortelle gloire ;

Que, cinq fois couronné des mains de la victoire,

Son bras des légions a moissonné la fleur,

Et que, rien n'arrêtant sa rapide valeur,

Il promet que bientôt, au pied du Capitole,

Nos drapeaux arborés...

Sunnon
l'interrompant

Espérance frivole !

Rome, dont le colosse embrasse l'univers,

Écrasera l'esclave échappé de ses fers.

Quelque gloire d'abord que le sort lui destine,

De succès en succès il marche à sa ruine ;

La victoire l'épuise en le favorisant.

Oui, sans se réparer, toujours s'affaiblissant,

Ses lauriers, sous lesquels il faudra qu'il succombe,

Sont un vain ornement qu'il prépare à sa tombe.

Ah ! Pour s'unir à vous par un secret traité,

Lorsque Rome à vos vœux offre la liberté,

Noricus
l'interrompant

Spartacus a ma foi, mon honneur est son gage.

Il faut tout bien peser au moment qu'on s'engage :

Mais lorsqu'en un parti, Sunnon, l'on s'est jeté,

Regarder en arrière est une lâcheté :

On ne peut plus, dès lors l'abandonner sans blâme ;

Qui le quitte est léger, qui le trahit infâme.

Du pouvoir des Romains tu parois effrayé ?

De cent peuples rivaux ce colosse étayé,

S'il n'a plus leur appui, si leur bras nous seconde,

Va bientôt de sa chute épouvanter le monde.

Déjà, dans notre camp, et sous nos étendards,

Aux cris de la victoire on voit de toutes parts

Accourir le Gaulois, le Toscan, le Samnite,

De leur jeunesse enfin toute la brave élite.

Ah ! Réunissons-nous, et le joug est brisé.

Pour tout assujettir Rome a tout divisé ;

De son ambition instruments et victimes,