Page:Saurin - Œuvres choisies, Didot, 1812.djvu/33

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Notre fureur jalouse a creusé nos abîmes ;

Mais, grâce à Spartacus, nos yeux se sont ouverts,

Et lorsque l'Italie, en secouant ses fers,

Lève un front menaçant, et que sous ce grand homme :

Nos drapeaux réunis déjà marchent à Rome,

Tu veux que rendant vains tant de nobles travaux,

Aux bourreaux de mon fils je vende ce héros !

Sunnon

Non ; mais avec chagrin je vois votre fortune

Suivre le sort douteux de la cause commune,

Et que pour un esclave, un rebelle...

Noricus
l'interrompant

Laissons

La haine des Romains lui prodiguer ces noms.

De quel droit, à quel titre ont-ils été ses maîtres ?

Fils d'un chef de Germains, né d'illustres ancêtres,

Et parmi ses aïeux comptant même des rois,

Aux Suèves, un jour, il eût donné des lois.

Les Romains, en brigands, fondent sur sa patrie ;

Son père Arioviste est privé de la vie ;

On enlève la mère et le fils au berceau ;

Ermengarde eût suivi son époux au tombeau :

Femme par la tendresse, héros par le courage,

Elle vit pour son fils, triste et précieux gage,

Qui, nourri par sa mère, élevé sur son sein,

Y suce avec le lait l'horreur du nom romain.

Il croît, et de son front l'auguste caractère,

Démentant de son sort la bassesse étrangère,

Le distingua bientôt du reste des mortels.

Tu connais des Romains les passe-temps cruels ;

Ce spectacle de sang et ces combats atroces,

Où ce peuple vanté repaît ses yeux féroces,

Excite de la voix le triste combattant,

Le regarde tomber, l'observe palpitant.

Veut qu'à lui plaire encore il mette son étude,

Et garde en expirant une noble attitude :