Page:Saurin - Œuvres choisies, Didot, 1812.djvu/42

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Votre cœur !... Quoi ? Madame, il se pourrait...

Émilie
l'interrompant.

Apprends

Un secret à ta foi dérobé trop longtemps ;

J'aurais voulu pouvoir le cacher à moi-même.

Sabine

Le puis-je croire ?... Ô ciel ! Ma surprise est extrême !

Spartacus ?

Émilie

.

Apprends donc à le connaître mieux.

Sache que des mortels le plus semblable aux dieux,

C'est celui dont pour nous tu crains la barbarie ;

Sache qu'il a sauvé mon honneur et ma vie.

Te dirai-je encor plus ? Sans savoir qui je suis,

Il m'aime.

Sabine

Eh ! Voilà donc d'où naissaient vos ennuis ?

Rien ne semblait troubler une si belle vie.

Votre mère à Crassus secrètement unie,

Venait de voir enfin cet hymen déclaré.

J'admirais que, passant d'un état ignoré

Dans un rang qui manquait aux vertus d'Émilie,

En un sombre chagrin toujours ensevelie ;

Vous eussiez paru voir d'un œil indifférent.

L'éclat de la grandeur joint à celui du sang.

Émilie

.

D'un sentiment profond, ah ! Que l'âme occupée,

De cet éclat trompeur ; Sabine, est peu frappée !

Que sont tous ces faux biens pour un sensible cœur ?

Un vain fantôme, hélas ! revêtu de splendeur,

Qui brillant aux regards de la foule éblouie,

D'un malheureux souvent fait un objet d'envie.

Sabine

Mais comment Spartacus...

Émilie