Page:Saurin - Œuvres choisies, Didot, 1812.djvu/73

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Je n'achèterai point mon bonheur à ce prix.

Crassus

Que résolvez-vous donc ?

Spartacus

Il n'est que deux partis ;

Je le dis à regret : ou combattre ou vous rendre.

Crassus
fièrement.

Combattre donc... Adieu... Nous allons vous attendre ;

Et si notre vertu ne peut nous secourir,

Il n'est point deux partis : il n'en est qu'un, mourir.

Il sort avec sa suite.
Spartacus
seul.

À quelle épreuve, ô ciel ! Il a mis mon courage !...

Sa fille !... Quel trésor eût été mon partage !

Il l'offrait à mes vœux ; j'eusse été son époux...

Qui l'eût dit qu'un mortel refusât d'être à vous,

Adorable Émilie ?... Ô devoir trop funeste !

Si je la perds, hélas ! Que m'importe le reste ?...

Je ne sais ; mais je sens qu'en mon cœur combattu,

Le consul, sa présence animait ma vertu...

Que dis-je ?... Ah ! Malheureux ! Souviens-toi de ta mère !

Tu lui promis vengeance ; il faut la satisfaire,

Entends les cris plaintifs de ses mânes sanglants,

Qui du séjour des morts réclament tes serments ;

Vois d'indignation sa grande ombre éperdue,

Demander si tu veux que sa mort soit perdue,

Te montrer ce poignard qui déchira son flanc...

Je ne serai point sourd au cri de votre sang,

Ma mère... Votre fils ne sera point parjure.

Non, vous serez vengée... et, de nouveau, j'en jure,