J'osai l'être. À son tour Rome craint un vainqueur :
Je n'aurai point en vain confondu son audace,
Ni vaincu des tyrans pour me mettre en leur place.
Ah ! De ce grand projet jugeant sans passion.
Connais-en, Spartacus, toute l'illusion.
Tu veux voir l'univers indépendant du Tibre ?...
Mais on veut dominer aussitôt qu'on est libre ;
Et tu verrais bientôt l'un contre l'autre armés,
Opprimant tour à tour, tour à tour opprimés,
Les peuples ravager et désoler la terre.
Il faut, pour en bannir les malheurs et la guerre,
Qu'un seul peuple commande et tienne les vaincus
Soumis par sa puissance, heureux par ses vertus.
Les Romains sont ce peuple. En grands hommes féconde,
Bienfaitrice à la fois et maîtresse du monde,
Si Rome sous ses lois a su tout asservir,
C'est pour tout rendre heureux.
Dites pour tout ravir.
La guerre est moins cruelle et fait moins de ravage
Que cette affreuse paix, fille de l'esclavage ;
Elle est peur les États le sommeil de la mort.
Rome, il faut l'avouer, eut des vertus d'abord,
Fruit de son premier âge et de sa politique ;
Ce n'est plus aujourd'hui qu'un faste tyrannique :
Son luxe insatiable engloutit les États ;
L'univers est sa proie, et ne lui suffit pas.
Eh bien ! Si le poison de nos destins prospères
A pu corrompre en nous la vertu de nos pères,
De Fabrice aujourd'hui si ce n'est plus le temps,
Viens ; par Rome adopté, sois tin de ses enfants
Viens ; et que parmi nous ton exemple ranime
Ce noble oubli de soi, cette vertu sublime,