Page:Saussure - Cours de linguistique générale, éd. Bally et Sechehaye, 1971.djvu/62

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tée pour la fin du xviiie siècle par l’anecdote suivante, citée par Nyrop, Grammaire historique de la langue française, I3, p. 178 : au tribunal révolutionnaire on demande à une femme si elle n’a pas dit devant témoins qu’il fallait un roi ; elle répond « qu’elle n’a point parlé d’un roi tel qu’était Capet ou tout autre, mais d’un rouet maître, instrument à filer. »

Tous ces procédés d’information nous aident à connaître dans une certaine mesure le système phonologique d’une époque et à rectifier le témoignage de l’écriture tout en le mettant à profit.

Quand il s’agit d’une langue vivante, la seule méthode rationnelle consiste : a) à établir le système des sons tel qu’il est reconnu par l’observation directe ; b) à mettre en regard le système des signes qui servent à représenter — imparfaitement — les sons. Beaucoup de grammairiens s’en tiennent encore à l’ancienne méthode, critiquée plus haut, qui consiste à dire comment chaque lettre se prononce dans la langue qu’ils veulent décrire. Par ce moyen il est impossible de présenter clairement le système phonologique d’un idiome.

Cependant, il est certain qu’on a déjà fait de grands progrès dans ce domaine, et que les phonologistes ont beaucoup contribué à réformer nos idées sur l’écriture et l’orthographe.