Page:Saussure - Cours de linguistique générale, éd. Bally et Sechehaye, 1971.djvu/85

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n'ont pas un effet acoustique susceptible de réalisation pratique, mais il n’en est pas moins vrai qu’après avoir articulé un k ouvrant, les organes sont dans la position voulue pour procéder à un resserrement sur un point quelconque. Ces deux phases phonatoires peuvent se succéder sans se gêner mutuellement.

2° Groupe implosivo-explosif (><). Dans les mêmes conditions, et sous les mêmes réserves, il n’y a aucune impossibilité à joindre deux phonèmes dont l’un est implosif et le second explosif ; ainsi i͐m᷾, k͐t᷾, etc. (cf. grec haîma, français actif, etc.).

Sans doute ces moments articulatoires successifs ne se suivent pas aussi naturellement que dans le cas précédent. Il y a entre une première implosion et une première explosion cette différence que l’explosion, tendant à une attitude neutre de la bouche, n’engage pas le moment suivant, tandis que l’implosion crée une position déterminée qui ne peut pas servir de point de départ à une explosion quelconque. Il faut donc toujours quelque mouvement d’accommodation destiné à obtenir la position des organes nécessaire pour l’articulation du second phonème ; ainsi, pendant qu’on exécute le s d’un groupe s͐p᷾, il faut fermer les lèvres pour préparer le p ouvrant. Mais l’expérience montre que ce mouvement d’accommodation ne produit rien d’appréciable, si ce n’est un de ces sons furtifs dont nous n’avons pas à tenir compte, et qui ne gênent en aucun cas la suite de la chaîne.

Chaînon explosif (<<). Deux explosions peuvent se produire consécutivement ; mais si la seconde appartient à un phonème d’aperture moindre ou d’aperture égale, on n’aura pas la sensation acoustique d’unité qu’on trouvera dans le cas contraire et que présentaient les deux cas précédents ; p᷾k᷾ peut se prononcer (p᷾k᷾a), mais ces sons ne forment pas chaîne, parce que les espèces P et K sont d’égale aperture. C’est cette prononciation peu naturelle qu’on obtiendrait en s’arrêtant après le premier a de