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106 AGE DU PHONÈME 0.

Dans le gréco-italique: les racines Qd «olere», Qh <étre aigu», ok^ «voir»; dô «donner», pô c boire», gnô «connaître». Dans ces racines en effet la voyelle o règne à toutes les formes. — Parmi les thèmes détachés: okri « colline > et Qk^i «œil» qui appartiennent aux racines mentionnées, puis çwi «mouton», à cause de l'a bref du skr. âvi; pQti «maître», skr. ^a^i; moni «joyau», skr. màni; sçk^i «compagnon», skr. sâkhi. D'après cette analogie, on devra ajouter: osti «os», kÏQuni «clunis»(?), kQni «poussière», 'woA;<i «nuit». Plus incertains sont omso «épaule», ohto, nom de nombre, ei g^ou «bos».

Le latin apporte les racines de fodio^ rôdo, onus^ opus etc., les thèmes hosti, rota (skr, râtha).

Entre autres exemples limités au grec, il faut citer les racines des verbes ôôo)iai, ôto)aai, KXujduu, qpuJYUi, kôtttuj, db&éuj, Z!ujvvu|lii, 6)ivu)Lii, ôvîvrilLii. Nous trouvons Q finissant la racine dans Pu) «nourrir», (p^u) «dépérir» (qp&ômç, q)ôôr|). Dans un grand nombre de cas il est difficile de déterminer si l'on n'a pas affaire à une ra- cine terminée par u (^) ou i {y). Ainsi ëK0|Liev, KéKOKe semblent bien appartenir à ko^^, non à *kuj; (Tkoiôç, comparé à (Tkô-to, contient o et appartient à une racine 0"ku) (cf. aussi p. llSg), mais ramené à CTKei (cf. aKipov) il contient o^ et peut alors s'identifier au skr. éhâyd. Inutile de multiplier ces exemples dou- teux. — Le mot Koînç' îepeùç Kapeipouv, ô KaôaîpuDV q)ovéa (oî bè KÔnç ; cf. KOiârai ' lepâiai) peut se comparer au skr. kàvî, à moins qu'on ne le tienne pour étranger. Prépositions: tipoTÎ = prâti, TTOTÎ = zend pâiti.

Quel est l'âge et l'origine du phonème o ? Nous nous sommes précédemment convaincus que le second o gréco-italique (a^), que e («i), que a (i), ont leur existence distincte depuis les périodes les plus reculées. Mais quelles données avons-nous sur l'histoire du phonème p? On peut dire qu'il n'en existe absolument aucune. Ce qui permet d'affirmer que V02 du sud a eu son équivalent dans le nord, c'est que l'a qui lui correspond en slavo-germanique a des fonctions spéciales et des rapports réguliers avec e qui le séparent nettement de a. Au contraire le rôle grammatical de Q ne diffère pas essentiellement de celui de a. et si, dans de telles conditions, nous trouvons que les langues du nord répondent à Q absolument comme elles font à i, nous sommes naturellement privés de tout

1. Voy. Curtius, Stud. VII 39-2 seq. Ce qui lève les doutes, c'est le parfait vévoTai que rapporte Hérodien, appartenant à volw dont le f est assuré par une inscription [Grdz. 178).

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