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��LE PHONEME Q DANS LES LANGUES DU NORD.

��Les exemples réunis ci-dessous permettent de constater d'un coup d'œil que les phonèmes par lesquels les langues du nord ren- dent Q sont exactement les mêmes que pour a (p. 59) et pour a^ (p. 67). Dans les trois cas nous trouvons ce que nous avons dé- signé, pour abréger, par a du nord (p. 48).

��Latin et

�Grec

�Lituanien

�Paléoslave

�Germanique

�oculus,

�ô(J(Te:

�akîs

�oko

�germ. augen- == *agven

�i'?)octo,

�ÔKTIÛ:

�asztûni

�osmî

�got. ahtau

�ovis,

�ôïç:

�avis

�ovica

�vieux h^-all. awi

�hostis,

�— :

�—

�gostï

�got. gasti-

�nox

�(vuH):

�naktls

�nostï

�got. naht-

�potis,

�TTÔaiç:

�vësz pati-

�- —

�got. -fadi-

�—

�TTpOTÎ:

�—

�proti

�—

�monile,

�ILiôwoç :

�—

�hnonisto^

�germ. manja-

�rota

�— :

�ratas

�—

�vieux h^-all. rad.

��Racines: gr. ôk, ôtt, lit. {at-)a-n-kû', gr. çujt, anglo-saxon hacan, hoc, lat. fod, si. hodq (le lituanien a la forme incompréhen- sible hedu).

Dans les mots qui suivent, on peut douter si Vo gréco-italique n'est pas o^, ou même, dans un ou deux cas, une voyelle anaptycti- que: ôCoç, got. asts\ ôppoç, v. h'^-all. ars {G-rdz. 350); ôttôç, v. h*-all. saf, si. sokû; ôpviç, v. h*-all. ami-, si. orUû; gréco-it. orphos, got. arbi; gréco-it. omsos, got. amsa; collum, got. hais; coxa, v. h'-all. hahsa; KÔpaH, lit. szârka «pie» (?); xÔM90Ç) si. zqbû; gréco-it. porkos, v. h'-all. farah, si. prasç pour *porse, lit. pàrszas; osq. posmos, lat. post, lit. pàskui; longus, got. laggs. L'o de xoXrj (v. h*-all. galla) doit être o.^, à cause de Ve du lat. fel. — Dans la diphtongue: gréco-it. oinos, germ. et boruss. aina-; gréco-it. klouni, norr. hlaun (lit. szlaums).

J'ai fait plus haut la remarque que les idiomes du nord, en opposant au phonème g les mêmes voyelles qu'au phonème a, nous frustraient de la preuve positive que ce dernier phonème est aussi ancien que les autres espèces d'à. Il existe cependant deux séries de faits qui changeraient du tout au tout l'état de nos connais- sances sur ce point, selon qu'on leur attribuera ou non une connexion avec l'apparition de g dans le gréco-italique.

��1. Miklosich {Vergl. Gramm. II 161) pense que ce mot est d'origine étrangère.

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