Page:Saussure - Recueil des publications scientifiques 1922.djvu/122

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

112 LES LANGUES ARIENNES DISTINGUENT-ELLES X DE «j ?

une plume beaucoup plus autorisée que la nôtre, nous laisserons ce sujet intact: aussi bien l'existence de Va^ arien est déjà suffisam- ment assurée par l'allongement régulier constaté au § 7^.

Le traitement des gutturales vélaires au commencement des mots porte la trace très claire de la permutation a^ : 02 dans la syllabe radicale. Mais laisse-t-il apercevoir une différence entre a^ et a? C'est là le fait qui serait important pour nous. Il serait difficile de répondre par oui et non. A tout prendre, les phénomènes n'excluent pas cette possibilité, et semblent plutôt parler en sa fa- veur. Mais rien de net et d'évident; point de résultat qui s'impose et auquel on puisse se fier définitivement. Nous supprimons donc comme inutile le volumineux dossier de ce débat, qui roule la plupart du temps sur des exemples d'ordre tout à fait subalterne, et nous résumons:

Quand l'européen a fegC, 92^, 9^2^, l'arien montre presque régu- lièrement c'a, ga, gha. Exemples: gr. Técraapeç, skr. éatvdras; lit, gèsti, skr. gâsati; gr. ôépoç, skr. Jidras. Ceci rentre dans ce que nous disions précédemment. La règle souffre des exceptions: ainsi halayati en regard de KéXrjç, celer (Curtius, Grdz. 146), gâmati en regard du got. qiman^. Au groupe européen ^2^ l'arien répond assez généralement par ka. Seulement, bien souvent, on se demande si l'a européen qui suit la gutturale est véritablement a, ou bien un phonème hystérogène. D'autres fois le rapprochement est douteux. Exemples: gr. KaXôç, skr. kalya; lat. cacumen, ekr. kakûbh; lat. calix, skr. kaîàça; \aX. cadaver, Bkv. kaîevara? (Bopp); KdvbaXor KOiXdi|LiaTa,

��1. Pour bien préciser ce que nous entendions à la page 8-5, il faut dire quelques mots sur les formes zendes cahyâ et cahmâi. Justi les met sous un pronom indéfini c'a, tandis que Spiegel rattache c'ahmài directement à Jca {Gramm. 19.3). En tous cas le fait que, d'une façon ou d'une autre, ces formes appartiennent au pronom ka ne peut faire l'objet d'un doute. La palatale du génitif s'explique par l'ai que nous avons supposé. Pour le datif, il ne serait pas impossible que l'analogue grec nous fût conservé. Hésychius a une glose Tin\im' Te(vei. M. Mor. Schmidt corrige xeivei en TÎvei. Mais qu'est-ce alors que Tëmaai? Si nous lisons xivi, nous avons dans xéiainai le pendant de cahmâi (cf. crét. xeîoç pour iroîoç)- Cependant les deux formes ne sont pas identiques; la forme grecque provient d'un thème consonantique kasm- (cf. skr. kasm-in), a\ étant désinence (v. p. 87); au contraire cahmâi vient de kasma.

2. Peut-être que le g du dernier exemple a été restitué postérieurement à la place de ^, sur le modèle des formes telles que ga-gmûs où la gutturale n'avait point été attaquée. L'état de choses ancien serait donc celui que présente le zend où nous trouvons ^amyâf à côté de ga-fmaf.

�� �