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CORRESPONDANTS ARIENS DU PHONÈME A. 111

positions, par exemple à la fin des racines, ce n'est plus du tout un a, mais bien i ou ï, au moins en sanskrit, qui se trouve placé en regard du phonème a des langues d'Europe. Voy. ci-dessous.

Comment l'arien se comporte-til vis-à-vis de Ve européen? Il lui oppose aussi Va bref. Ce fait est si connu qu'il est inutile de l'appuyer d'une liste d'exemples. Le seul point à faire ressortir, celui qu'avait relevé d'abord Amelung, celui sur lequel M. Brugmann a assis en grande partie l'hypothèse de «2» c'est le fait négatif que, lorsqu'on trouve e en Europe, jamais l'arien ne présente d'à long.

Si maintenant l'on posait cette question-ci : Y a-t-il dans Tindo- iranien l'indice certain d'une espèce d'à gui ne peut être ni a^ ni 82? nous répondrions: Oui, cet indice existe. Vi ou i pour a n'apparaît que dans un genre de racines sanskrites tout particulier et ne peut avoir ni la valeur % ni la valeur «2 (§ H ^^)-

Mais si, précisant davantage la question, on demandait s'il y a dans l'arien des traces incontestables du dualisme a^ : a tel quil existe en Europe, la" réponse, je crois, ne pourrait être que négative. Le rôle de Vt dans ce problème est assez compliqué, et nous ne pourrons aborder la question de plus près qu'au chapitre V.

Deux autres points méritent particulièrement d'être examinés à ce point de vue :

1" Les â longs tels que celui de svàdate == gr. dbexai. Voy. § 11 fin.

2^ Le traitement de fcg, g^ et gh^ dans les langues ariennes. Dans l'article cité des Mémoires de la Société de Linguistique^ j'ai cherché à établir que la palatalisation des gutturales vélaires est due à l'influence d'un a^ venant après la gutturale. Je confrontais la série indienne vàkd, vàcas, vô6a-t avec la série grecque yovo-, feveo"-, YÊvé-(aôai) et concluais que la diversité des consonnes dans la première avait le rapport le plus intime avec la diversité des voyelles suffixales observable dans la seconde. Je crois encore à l'heure qu'il est que cela est juste. Seulement il était faux, comme j'en ai fait plus haut la remarque (p. 85i), de donner à l'o du suffixe, dans yàvo, la valeur ou i (0 étant considéré comme une variété de a): cet 0, nous l'avons vu, est a2. Voilà donc la signification du fait notablement changée. Il prouve bien encore que l'indo-iranien distingue entre a^ et 02, mais non plus, comme j'avais pensé, qu'il distingue entre a^ et a. La thèse, conçue sous cette forme, devant être soutenue, à ce que nous apprenons, par

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