Page:Saussure - Recueil des publications scientifiques 1922.djvu/159

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LES RACINES CONTENANT UN A MÉDIAL, EN DEHORS DU GREC. 149

Mais, au lieu d'attribuer à certaines racines et de refuser à d'autres une faculté inhérente de gradation, ainsi que le fait l'auteur, il faut dire au contraire que lorsque la gradation fait défaut, c'est qu'elle s'est perdue. Qu'est-ce qui a occasionné sa perte? C'est précisément, si nous ne noui? trompons, l'existence d'un présent sans gradation, comme ceux en -t/uj et en -tuj.

Ainsi l'analogie de Ocpéluj, pdTTTUJ, ôdiTTU), XdTTTUJ, (TKdTTiuj etc. a peu à peu étouffé les formes fortes comme *\âTr ou •■•crKâTr. Les parfaits font XéXdqpa, ëaKâqpa, les futurs Xdvjiuu, CKoupUi) etc. Les verbes contenant i et u, comme CtiZiuu, TriiCTCTiu, viimu, klitttuu, tûtttuu, se comportent de même, c'est-à-dire qu'ils n'admettent nulle part la diphtongue^. Ces anomalies ne font donc pas péricliter la théorie du phonème ^i. D'ailleurs il y a 'des exceptions: KdîTTuu (Hes.): xéKricpa; rdcrauj (TéTdxa): tûyôç; àmw. r|Trdo|Liai (Curtius); KaxXdîiu: KéxXâba.

Les présents à nasale comme Xaiapdvuj, dvbdvtu^ bdKVUJ, n'exercent pas la même influence destructive sur le vocalisme de leurs racines. Cela tient au parallélisme presque constant de ces formations avec les présents à «gradation» (Xi)i7Tdvuj, XeiTTUu; Xavôdvuj, Xr|du)), grâce auquel il s'établit une sorte d'équivalence entre les deux formes. Pareillement le prés. XdaKiu laisse subsister le parf. XéXrjKa.

Nous passons à l'examen des principales formations verbales dans les langues européennes autres que le grec.

Parfait. Le germanique nous présente ô: got. sok, hof. Vo doit être du degré 2 et correspondre à l'uj régulier de xe-ôuuY-, non à l'a hystérogène de lé-iâK-e. Par la même unification que nous avons vue en grec, l'ô du singulier s'est répandu sur le pluriel et le duel, et l'on a sokum, soku, au lieu de *sakum, *saku. De même l'optatif devrait faire *sakjau. Le participe passif, dont le vocalisme est en général celui du parfait pluriel, fait encore sakans. Il y a une proportion rigoureuse entre sok : sakans et hait : hitans. Un autre reste de la forme faible, c'est magum dont nous avons parlé à la p. 61.

Le latin a scâbi, ôdi, fôdi; l'irlandais ro-gcid (prés, guidiu).

Présent de la 1* classe (v. p. 144). Latin làbor (cf. lâbare)^ râdo, vâdo (cf. vàdum), rôdo.

��1. 11 est vrai qu'au parfait l'i et l'u subissent ordinairement un allonge- ment (K^Kû<pa), mais cela est tout différent de la diphtonguaison, et l'a long ne se peut jamais mettre en parallèle qu'avec la diphtonguaison.

�� �