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l'I arien provient d'une ancienne altération de a. 167

encore expliqué bhaktd, mculird, agi, ni d'autres formes plus isolées montrant également a dans les langues d'Europe, comme pagrd^ hhadrà (cf. got. batists, hotjan etc.), çaphâ (cf. norr. hôfr)^ maghd (v. p. 61), çdçadmahe = KeKâa}xç.^a etc.

On est donc amené h conclure à la diversité, sinon tout à fait originaire, du moins proethnique du phonème a et de la voyelle qui a donné 1'? indo-iranien. Nous croyons que cette voyelle était une espèce d'e imief, provenant de l'altération des phonèmes a et o. L'altération, à en juger par le sanskrit (p. 141), avait été générale à la fin des racines, partielle dans les racines finissant par une consonne. Ceci peut tenir à la manière dont les syllabes étaient séparées dans la prononciation.

Que cette voyelle indéterminée soit une dégénérescence des vo- yelles A et — nous ajoutons par hypothèse: seulement de ces vo- yelles — et non pas, comme on pourrait croire, un phonème distinct de tout autre dès l'origine, c'est ce qui ressort des considérations suivantes.

1" S'il y a une raison quelconque d'admettre à l'intérieur des rdcines un phonème a parallèle à i, n, r, etc., il serait invraisemblable et absolument arbitraire de prétendre que le même phonème n'ait jamais pu terminer la racine. Or le sanskrit montre que la voyelle dégradée existait dans toutes les formes faibles des racines en a. Il devient donc évident que dans certains cas, si ce n'est dans tous, elle est la transformation secondaire d'un a (ou d'un o).

2** Dire que la voyelle faible proethnique d'où dérive ïi de sthità, çistd, n'sk point été d'abord une voyelle pleine serait renoncer à expliquer l'a de sthàman, çdsti, dont elle forme la seconde partie.

Cette voyelle, disons-nous, devait être très faible. On aurait peine à comprendre autrement comment dans plusieurs langues différentes elle tend à être supprimée. On a en sanskrit les formes comme da-d-mds, da-dh-mds, d-ita, vâsu-tti, ava-tta (de dâ partager). Le paléosl. damû, da-s-te etc. s'explique de même (pour le redouble- ment V. § 13 fin). Le pluriel et le duel du prétérit gotique faible ■dedum etc., où la rac. dhê est fléchie, croyons-nous, à l'imparfait, rendent le même témoignage. En latin pestis est suivant Corssen pour *per d-tis. Nous rappelons aussi l'ombr, tedtu. Tout indique encore que \'i de sthifd, pitàr est identique avec \'i de duhitàr et d'autres formes du même genre (cf.le chap.VI). Or en slave et en germanique dûsti, dauhtar, montrent que la voyelle en question a disparu, absolument comme dans da-s-te, de-d-um. — Enfin la pro-

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