Page:Saussure - Recueil des publications scientifiques 1922.djvu/176

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- 166 a INDIEN = î DE pitàv ACCENTUÉ.

taté, dont la voyelle est a aux formes faibles, p. ex, svddate, svîvJati. Ce n'est pas qu'on ne doive présumer que le même phonème d'où, avec le concours de certains facteurs, résulte un ï n'ait pu prendre, sous d'autres influences, une route divergente. Nous ne doutons même pas que dans les formes où ce phonème a été placé dès l'origine sous la tonique il n'ait produit a au lieu de î. Voici les exemples qui paraissent le prouver. A côté des cas obliques comme niçâs «noctis» il existe une forme védique nâk {== *nâks, cf. drak- syâti de darç etc.) qui, ainsi que le fait remarquer M. Brugmann («Sf^rf. 1X395), est le propre nominatif de niçâs. Le phonème destiné à devenir i dans la syllabe non accentuée a donné a sous l'accent^. — Tout porte à croire que la seconde partie de catânras est iden- tique avec tisrâs, zd. tisaro^. Le prototype de Vi de tisrâs s'est donc épanoui en a sous l'accent. — Peut-être enfin que l'a de madhu-pà • (le type soma-pd est le plus commun, il est vrai, dans la langue védique) n'est dû ni à l'analogie de la déclinaison thématique ni à un suffixe -a, mais qu'il est tout simplement l'équivalent accentué de Vi de pï-tâ. La formation non védique ^ala-pî, faisant à l'in- strumental gala-py-â, est en tous cas hystérogène.

L'influence de l'accent qu'on remarque dans les cas précités ne doit cependant point faire espérer de résoudre le problème en disant que l'a radical de svâdati résulte de l'innovation qui a amené la tonique sur la racine (p. 163) et qu'autrement on aurait «svidâli^^ comme on a Ichiddti, çisât. On ne comprend en effet ce retrait de l'accent qu'en admettant que la racine possédait déjà un a bien caractérisé. Mais voulût-on même recourir à une hypothèse de ce genre, il resterait à rendre compte d'une infinité de formes accentuées sur le suffixfî. En expliquant bhdgati, mddati, âgati, on n'aurait point

��1. M. Brugmann cite nâk niçâs pour corroborer son opinion relative à la déclinaison de fc, pfc etc. où il pense qu'il y a eu autrefois des formes fortes. Mais tant qu'on n'en aura pas l'indice positif, nous nous autoriserons au contraire des nominatifs fk, pfk etc. pour dire que nâk est forme faible à l'égal de niç- âs. La forme non affaiblie de ce thème ne pourrait être que nàç-.

2. Les nominatifs anciens étaient *fisâras (zd. tisarô) et *c(itâsarns (forme que Grassmann croit pouvoir rétablir dans un passage du Rig-Véda), mais cela ne change rien .i l'accentuation. — Pour l'identité de la fin de *éatàsnras avec tisâras on peut remarquer que le premier élément de *catâsaras se retrouve h son tour dans la 2e moitié de 2>ânca.

3. Cette forme est doublement fictive, car le son qui a donné î se fond avec les sonantes qui précèdent en une voyelle longue (v. chap. VI). Nous de- vrions donc écrire, pour être exact, ««ûrfrftt».

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