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classification des racines contenant e.

parle au contraire pour qu’elle ne soit qu’un développement anaptyctique survenu postérieurement.

Au arien et indo-européen répond :

En grec : αρ, αλ ; ρα, λα
En latin : or, ul (ol)
En gotique : aúr, ul

Le slave et le lituanien n’ont pas conservé d’indice positif du . On peut dire seulement que cette dernière langue l’a remplacé souvent par ir, il.

Nous passons à l’énumération des cas.

1. Syllabe radicale.

L’ordre adopté ici, pour distinguer les différents cas où apparaît , se base sur une classification nouvelle des racines, qui ne pourra être justifiée que plus tard, mais qui ne saurait non plus désorienter le lecteur.

Nous ne nous occuperons que des racines contenant e. – Toute racine qui dans les langues d’Europe contient e, a la faculté d’expulser cet e et de prendre ainsi une forme plus faible, à condition seulement que les combinaisons phoniques ainsi produites puissent se prononcer commodément.

Sont à ranger dans les racines contenant e : les racines où se trouvent les diphtongues ei et eu et qu’on a l’habitude de citer sous leur forme affaiblie, privée d’e ; ainsi kei, sreu, deik, bheugh (ki, sru, dik, bhugh).

L’i et l’u de ces racines, ainsi que la liquide et la nasale des racines telles que derk bhendh, peuvent prendre le nom de coefficient sonantique. Ils concourent au vocalisme de la racine. Suivant que l’e persiste ou disparaît, leur fonction varie : r, l, m, n, de consonnes deviennent sonantes ; i et u passent de l’état symphtongue à l’état autophtongue.

A. Racines terminées par un coefficient sonantique.

Exemples kei (forme faible ki) sreu (f. fble sru) bher (f. fble bhr) men (f. fble mn).

B. Racines renfermant un coefficient sonantique suivi d’une consonne.

Ex. deik (f. fble dik) bheugh (f. fble bhugh) derk (f. fble dr̥k) bhendh (f. fble bhn̥dh.)