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liquides sonantes de l’aoriste thématique.

C. Racines sans coefficient sonantique, terminées par une consonne.

Ex. pet (f. fble pt) sek (f. fble sk) sed (f. fble zd).

Nous n’avons pas à nous occuper ici des racines terminées par e, comme, en grec, θε δε ἐ.

Dans la forme faible, selon que le suffixe ajouté commence par une consonne ou par une voyelle, les racines de la classe A seront assimilables à celles de la classe B ou à celles de la classe C.

En effet, dans la classe B, le coefficient sonantique, à l’instant où l’e disparait, prend nécessairement la fonction de voyelle, puisqu’il se trouve entre deux consonnes. C’est là aussi ce qui arrive pour les racines de la classe A, lorsqu’elles prennent un suffixe commençant par une consonne : ainsi mn̥-to.

Mais si le suffixe commence par une voyelle, leur coefficient sonantique aura la qualité de consonne, et ces mêmes racines ressembleront de tout point aux racines de la classe C ; ainsi ἐ-πλ-ό-μην comme ἔ-σχ-ο-ν.

En vue du but spécial que nous nous proposons dans ce chapitre, nous tirons des remarques qui précèdent l’avantage suivant : c’est que nous connaissons le point précis où il faut s’attendre à trouver les liquides sonantes et que nous assistons pour ainsi dire à leur formation ; la comparaison seule d’un indien avec un αρ grec n’a, en effet, qu’une valeur précaire si l’on ne voit pas comment cet αρ a pris naissance et s’il y a une probabilité pour que ce soit un ar ordinaire. Partout où l’e tombe normalement, partout en particulier où apparaît l’i ou l’u autophtongue, les liquides sonantes doivent régulièrement exister ou avoir existé, si la position des consonnes les forçait à fonctionner comme voyelles.

a. formations verbales.

Aoriste thématique. On a dit souvent que ce temps coïncidait entièrement, pour ce qui est de la forme, avec l’imparfait de la sixième classe verbale des grammairiens hindous. Reste à savoir si cette sixième formation remonte aux temps indo-européens, comme cela est indubitable pour notre aoriste, mais infiniment moins certain pour le présent.

Quoi qu’il en soit, cet aoriste réclame l’expulsion de l’e – ou de l’a dans les langues ariennes –. En conséquence les racines des classes A et C (v. plus haut) font en grec très régulièrement :