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EXPULSION DE L'a DANS LES PAROXYTONS. 191

Admettrons-nous ce que M. Osthofif {l. c. 46 i. n.) indique comme un résultat probable des recherches ultérieures, que l'indo- européen n'ait point connu cette loi de l'accentuation indienne et que le comparatif ivdsyas par exemple ait fait au datif wasyasAÎ ^ ? Tout au contraire, nous disons que la loi des paroxytons a tou- jours existé :

1^ Il ressort de tout ce qui précède que l'accent, aux cas «forts», ne tend pas moins à gagner la désinence qu'au datif ou aux autres cas «faibles». Que signifieraient donc des déplacements d'accent tels que wâsyâs ivasyasÂi'^

2" Une pareille mobilité d'accent est difficilement conciliable avec la fixité du vocalisme radical, qui est très grande pour les paroxytons.

3" Il y a un contraste frappant entre les «cas faibles» des oxy- tons en -was et ceux des paroxytons en -yas. Toutes les conditions éta.nt égales d'ailleurs, nous trouvons, là vidûse (= *vidusé), ici vâs- yase. La non expulsion se vérifie aussi dans les infinitifs en -man-e, -|jev-ai, de thèmes paroxytons.

Donc dans les paroxytons normaux tous les cas seront forts.

Autre chose est de savoir si la dégradation du suffixe n'avait pas dès l'époque proethnique pénétré d'une manière ou d'une autre dans certains groupes de paroxytons.

Ce qui le fait supposer tout d'abord, c'est que la majorité des paradigmes du sanskrit ne distingue point à cet égard entre oxy- tons et paroxytons: bhrdtre, râgne, bhàrate, montrent le même aff'ai- blissement que mâtré, tiJcsné, tudaté.

On ne saurait attendre des langues européennes de données décisives pour cette question. Voici cependant un cas remarquable et qui confirmerait le témoignage du sanskrit: le t du germ. svester «sœur» n'a pu prendre naissance que sur une forme faible svesr- d'où il a gagné ensuite les cas forts (Brugmann, Stud. IX 394) ; preuve que la dégradation, dans ce mot, est bien ancienne. Or c'est un paroxyton : skr. svâsar.

D'autre part le féminin bhâranti (cf. tudatï) des participes in- diens paroxytons semble indiquer positivement que la flexion grec- que (pépujv qpépovTOç est plus primitive que le skr. hhâran bhâ- r&tas. C'est l'avis de M. Brugmann l. c. 329^.

��1. C'est ce qui parait être l'opinion de M. Brugmann {Stud. IX 38.3).

2. La langue védique semble faire quelque différence entre les thèmes en

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