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198 RÉPARTITION DE Oj ET Oj.

le nom.-acc. neutre subissait un frottement qui eut l'effet d'une désinence commençant par une consonne. Il rejeta son a^.

Il paraît certain que le même phénomène s'est produit sur la particule nu, pour *naiU conservé dans nâiW-a (p. 78).

Les neutres hétéroclites, comme Icard (p. 210), et les neutres en -as, -yas, -was {mànas, vdsyas, dbàç) ne subissent point cette réduction. Citons comme exception rentrant dans la règle précédente le skr. dyus en regard du grec (masc.) aî/ba- qui a donné l'ace, aiû»; en outre yôs = lat. jus.

La forme stha, neutre védique de sthâ-s, doit être comptée parmi les anomalies.

2. APPARITION DU PHONÈME U^.

Nous étudierons d'abord la répartition de a^ et a^ dans les suf- fixes comme -an, -ar, -tar, -was etc. qui peuvent expulser l'a dès qu'il est sollicité de tomber et qui ne présentent point d'autre a que l'a légitime des cas forts.

Il faut remarquer premièrement que le même suffixe peut prendre ou ne pas prendre a^. Le suflf. -tar des noms d'agents prend a^; le suff. -tar des noms de parenté conserve partout a^. Le pre- mier cas seul nous intéresse ici; l'histoire du second rentre tout entière dans le chapitre de l'expulsion de l'a.

Les formes où l'on constate tout d'abord qu'un suffixe prend a2 sont l'accusatif sing. et le nominatif du pluriel et du duel. Quand l'une de ces formes présente le phonème a2, on est sûr qu'il existe aussi dans les deux autres^

Il reste à savoir, et c'est là la question que nous examinerons, si l'apparition de «2 ^^^^ les formes précitées entraine aussi sa présence aux trois autres cas forts, le nominatif, le locatif et le vocatif du singulier.

1. Nominatif. Pour ce qui concerne la quantité de l'a, v. ci- dessous p. 199. Considérons d'abord sa qualité. M. Brugmann a établi que le skr. datâram est rendu en grec par biÛTopa, nullement par bujTfipa. Après cela il n'y a point de motif pour croire que l'équivalent grec du skr. data soit ôiuirip plutôt que biÛToip. Le lat. dator nous parait même trancher la question. Bien que M. Brugmann

��1. Le pluriel indien âyâvas en regard de Zfjv = *Zeuv doit sûrement son à long au voisinage de dyaus et de dyàm (sur lesquels v. p. 185) ou à l'ana- logie de gavas.

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