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208 DÉCLINAISON DE dàru, ganii, sanu, pak^u.

racine, où il a protégé l'a. Toute la question est de savoir si l'on peut expliquer ce mouvement rétrograde de l'accent. Il nous semble que oui. En vertu de la règle que nous avons vue p. 197, le nom.- acc. du neutre *dar-du devait faire: *dar-û. Mais l'i et Vu finissant un mot refusent de porter l'accent (v. p. 178). Le ton était donc forcé de se rejeter sur la syllabe radicale.

Si l'on admet la déclinaison indo- européenne dâ^ru drâ^ioAi et l'explication de dâ^ru qui précède, il s'ensuit une rectification touchant la forme primitive du neutre d'un adjectif comme mrdiï-s qui a dû être mrâdu. Cette forme était trop exposée aux effets d'analogie pour pouvoir se maintenir.

Dans la même hypothèse on posera pour la déclinaison du neut. j;ayfcM (pecus): nom.-a.cc. pdiki-u, da-t pa^k^-w-Ai. Nous mettons pakwAÏ et non paMivAi, parce qu'il y a des indices que ce mot sui- vait la déclinaison forte. En regard de l'adj. skr. drdv-ya on a paçv- yà, et le génitif védique du masc. paçû-s est invariablement paçvAs (cf. drôs, snôs). Du reste la flexion forte ne change rien à la question de l'accent. Voici les raisons qui pourraient faire admettre la même variation du ton que pour les trois neutres précédents. L'ace, neutre skr. paçu se rencontre deux fois dans les textes (v. B. R.): la pre- mière fois il est paroxyton, en concordance avec le got. faihu, la seconde oxyton. Puis vient un fait que relevé M. Brugmann, Stud. IX 383, le parallélisme du masculin oxyton paçû-s avec drû-s, bpû-ç, et le masc. zd. zhnu. Cette circonstance resserre le lien du neutre paçu avec la famille dàru, gémi, sânu. — Le nom.-acc. pâ^k^u est paroxyton pour la même raison que dâ^ru^. Dans le dat. pa^kivÀi et le masc. pa^kû-s Va radical subsiste seulement, comme le dit M. Brugmann, parce que pkû- eût été imprononçable (le zd. fshu résulte d'altérations secondaires); cf. p. 46.

��1. La coloration divergente de l'a dans pà^hu et dâ^ru, gà^nu, sâ^nu, dé- pend de facteurs que nous ne connaissons pas. Supposer la même influence des sonanles que plus haut p. 83 serait une conjecture assez frêle. Peut-être le masculin pa^kû et les cas obliques oxytons où Va^ était forcé ont-ils influé par analogie sur le nomin. *iMizku. — Je ne sais comment il faut expliquer le datif védique (masculin) pâçve, si ce n'est par l'attraction qu'exerce Va radical (p. 163). — M. Brugmann {l. c.) montre qu'il a existé une forme ga^nu à côté de gnu et ga^nu; de même l'irland. derucc «gland» joint au lit. dervà, au si. drèvo (J. Schmidt, Voc. II 75) remonte à da^i-H. En tous cas il paraît inadmissible que cette troisième forme ait alterné dans la déclinaison avec les deux premières. Sur le lat. genu et le véd. sanuhhis cf. p. 45, 44.

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