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DÉCLINAISON HÉTÉROCLITE. â09

Le gérondif sVr. gatvâ, çrutvâ, en regard de l'inf. gântum, çrôtum, rentre, à première vue, dans la catégorie que nous venons de voir. En réalité il n'en est rien. L'explication proposée pour dâru, basée sur Vu final de cette forme, ne s'applicjuerait plus à gântum. D'ailleurs il faudrait que les infinitifs védiques en -tave eussent la racine réduite et l'accent sur le suffixe, mais on sait que c'est le contraire qui a lieu (gântavé). Il convient d'en rester à la conclusion de M. Barth (Mém. Soc. Ling. II 238) que le gérondif en -tvà ne sort pas du thème de l'infinitif. On trouverait même le moyen de réunir ces deux formes, qu'il resterait à expliquer les gérondifs védiques comme hrtvt.

2. Mots hétéroclites.

a. LES NEUTRES.

Il y a longtemps que M. Scherer a supposé que le paradigme indien des neutres comme àksi, où alternent les suffixes -i et -an, devait dater de la langue mère. Dans les idiomes congénères en effet on retrouve ces mots tantôt comme thèmes en -i tantôt comme thèmes en -an. M. Osthoff {l. c. 7) s'est joint à l'opinion de M. Scherer. Mais les mots en -i, -aw, ne sont qu'une branche d'une famille plus grande, dont l'étroite union est manifeste.

La déclinaison de ce qu'on peut appeler les neutres hétéroclites se fait sur deux thèmes différents^. Le premier est formé à l'aide du suff. -an', il est oxyton; la racine y est affaiblie.

Ce premier thème donne tous les cas dont la désinence com- mence par une voyelle. Il suit la flexion forte.

Le second thème a le ton sur la racine, laquelle offre sa forme pleine. Normalement ce thème semble devoir être dépourvu du suffixe. Quand il en possède un, c'est ou bien i ou bien un élé- ment contenant r, jamais u 7ii n. Ce suffixe du reste n'en est pro- bablement pas un; il est permis d'y voir une addition euphonique nécessitée à l'origine par la rencontre de plusieurs consonnes aux cas du pluriel (asth-i-bhis, etc.).

Les cas fournis par ce second thème sont ceux dont la dési- nence commence par une consonne, plus le nom. -ace. sing., lequel leur est assimilable (p. 197). En d'autres termes ce sont les cas moyens de la grammaire sanskrite ou encore les cas faibles de la flexion faible.

Les variations du vocalisme radical dont.nous venons de parler rentrent dans le chapitre de la formation des mots, puisqu'elles correspondent à l'alternance de deux suffixes. A ce titre la décli-

��1. Les nominatifs-accusatifs du pluriel et du duel devront rester en dehors de notre recherche, vu l'incertitude qui règne sur leur forme primitive, de Saussure, Oeuvres. 14

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