Page:Saussure - Recueil des publications scientifiques 1922.djvu/265

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

TRAITEMENT DES NASALFS SONANTES LONGUES EN LATIN. 255

l'avons retrouvé en effet dans les groupes op, oX, et puu, Xuu. Où classer maintenant les formes comme irpâiôç, pXr|TÔç? Par quel phénomène le degré faible corre8i)ondant à Ttepa-ffai nous ofFre-t-il parallèlement à irôp-vri, type normal, cette formation singulière: upâTÔç ? C'est à quoi nous n'entrevoyons jusqu'à présent aucune solution satisfaisante.

Observations.

I. Le grec, si l'hypothèse proposée est juste, confond nécessairement le degré normal et le degré faible des racines en -nâ et en -ma. Qu'on prenne par exemple la racine yvuj «connaitre>: la forme réduite est *gn", lequel produit fvuj. Il est donc fort possible que la syllabe fviu-, dans fvûJMiuv et fvwaiç, réponde la première fois au v. ht-all. chnâ- (skr. (/nâ-), la seconde au got. kun- (skr. gâ-), cf. plus bas. — Une conséquence de cette observation, c'est que l'a bref de Téôvâ|j€v doit s'expliquer par l'analogie: la loi phonétique ne permet point de formes radicales faibles en -va (-ve, -vo) ou en -|uà (-|uie, -|ao). M. J. Schmidt, partant d'un autre point de vue, arrive à la même proposition.

II. On connaît le parallélisme des groupes ava- et -vt]-, -aiaa- et -ixr\-, p. ex. dans àdâvaroç : ôvriTÔç; — àbdiaaç : àbfjriç; — àKCt|aaToç : Kiurixôç. Deux hypothèses se présentent: ou bien -ava-, -a|aa- sont des variantes de -vri-, -|ur|-, qui ont leur raison d'être dans quelque circonstance cachée; ou bien ils proviennent de -eva-, -e.ua- — formes fortes — grâce au même mélange du vocalisme qui a produit TaXoioaai à la place de TeXdaaaO. Ainsi itav-bainct-TUip serait pour *nav-î)€|nd-TUjp et n'aurait pris Va que sous l'influence de bcî|avrmi et de fbauov.

��Les exemples latins sont: ai) ta skr. a/â*.

anàt- âti.

janitrices yâtdr.

��gnâ-tus | skr. ga-td. nûtio 1 gâ-ti

cf. genitor 3= ganitdr.

��C'est encore -an- que présente man-sio, qui est au gr. jueve daevexôç) ce que gnâtus est à geni-: puis sta(n)g-num, contenant la racine ré- duite de lévaY-oç, Il est possible que gnâ- dans gnârus soit la forme faible de giio-. Il répondrait alors au second des deux yviaj- helléniques dont nous parlions plus haut. Quant à co-gnUus, il ap- pelle le même jugement que Tédvâ)iev.

Ainsi -an-, -ani- ou -na-, voilà les équivalents italiques du pho- nème nasal que nous étudions. Qu'on ne s'étonne pas de l'a de gnâtus en regard de l'ri de -Yvr|T0ç. Rien n'est au contraire plus normal. On a vu qu'à l'e grec sorti de ^, le latin répond réguliè- rement par a, au moins vers le commencement des mots: gnâtus {*gn'^tos) : tvhtoç (*Tn*^TOç) = sâtus : éxôç.

1. Celte forme se trouve dans Hésychius.

2. Osthoff, K. Z. XXIII 84.

�� �