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SECTION I. 275

Le verbe qui, par sa fréquence, y tient, sans comparaison aucune, la première place, est paçyati «voir», et cela non seulement en sanscrit, mais aussi, semble-t-il, dans le pâli. Deux verbes de signi- fication voisine, prêksati et mi§ati, viennent en seconde ligne avec çrnôti «entendre».

Il n'est pas rare que le prédicat soit un adjectif, et sous le terme d'adjectif on doit comprendre aussi les participes passés, qui, nous le verrons à l'instant, ne peuvent entrer qu'en cette qualité dans un génitif absolu. L'adjonction du participe sant- «étant», qu'on peut toujours suppléer par la pensée, n'est point nécessaire et semble même inusitée.

Nous n'avons pas recueilli d'exemple où le prédicat soit un substantif, comme dans le type latin dictatore Fabio, et dans les lo- catifs absolus indiens tasmin mahîpatau, tvayi yantari, etc.

§ 4. Rapport dans le temps avec l'action principale.

Vaction principale, par rapport à celle du génitif absolu, est contenue presque toujours dans le prédicat de la proposition.

Néanmoins il est bon de noter le cas, qu'on conçoit sans peine, où le membre de phrase absolu se rattache par le sens à un autre terme quelconque de la proposition, ce terme étant supposé un participe ou un adjectif exprimant une action.

Ce fait, qui est rare, se présente dans le passage ci-après du Mârkariçlêya- PurAna (14, 84):

paçyatô bhrtyavargasya tnitrâriâm atithês tathâ

êkô mistânnahhug hhunktê jealada'Agârasaméayam.

«L'homme qui (dans le cours de sa vie) a goûté seul des friandises «en présence de ses serviteurs, de ses amis ou de son hôte, [subit ici le supplice] de manger un amas de charbons ardents.»

On voit que le génitif absolu porte uniquement sur l'adjectif à sens participial mistânnabhuk, qui, dans la phrase, a le rôle de sujet. Un exemple analogue se trouve dans le Râmâyana de Gorresio V, 91, 11^:

vinasfah paçyatas tasya raksituh çaranâgatah

âdâya sukrtam tasmât sarvam gacchaty araksitah.

L'action du génitif absolu accompagne dans le temps l'action prin- cipale] la première n'est jamais donnée comme close au monaent où la seconde s'accomplit.

C'est là, en regard de l'emploi du locatif absolu, qui se prête indifîëremment à exprimer la concomitance ou l'antécédence, une nouvelle particularité caractéristique.

1. Cf. Ind. Spr. no 6131, où Bôhtlingk donne le texte de Bombay.

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