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276 DE l'emploi du génitif absolu en sanscrit.

La conséquence en est que le participe du génitif absolu est invariablement un participe présent, — ou un adjectif, avec lequel on est libre de sous-entendre le participe présent du verbe substantif.

Il ne s'ensuit pas toutefois que les participes passés ne puissent figurer dans un génitif absolu. C'est à condition seulement qu'ils dépouillent entièrement leur nature verbale: ils marquent alors un état prolongé et encore présent, et sont réduits de la sorte à la valeur de purs adjectifs.

On ne rencontrera jamais au génitif absolu que des participes passés susceptibles d'être interprétés comme nous venons de le dire. Ce sont surtout les participes passés de verbes neutres.

Ainsi un passage du Panéatantra nous offre les mots: nâyaih pâpâtmâ marna gatâyâ utthitalb?

Il ne s'agit pas là de deux faits consécutifs. Il serait simple- ment impossible, dans un génitif absolu, de prendre gâta au sens participial, et de traduire postquam ahii. Notre participe signifie parti dans le sens d'absent. Il est devenu adjectif, et la phrase se tra- duira: le coquin ne s'est-il point levé pendant mon absence? On voit qu'il y a simultanéité: l'action subordonnée embrasse toute la pé- riode de l'action principale, et ne la précède pas.

Le contexte, dans le cas précité, confirme parfaitement la justesse de la règle. La femme de l'ivrogne, qui revient chez elle en grand danger d'être battue, s'enquiert seulement de ce qui s'est passé pen- dant son absence. Elle ne dit point: <une fois que je fus partie ne s'est-il point levé?», ce qui ferait supposer que le mari se doutait de son départ ou qu'il le guettait^.

��l. D'après ce qui vient d'être dit, c'est une énormité que l'auteur du Ksittçavaihçâvalîcarita (éd. Pertsch, Berlin, 1852) a commise dans le génitif absolu suivant, le seul que présente cet écrit de la fin du X Ville siècle:

êvam vimçativarsam suçâsitarâjyasya Majamudârasya prâpfaparalôkasya, Çrîkrsnah svârjitarâjyam taditarau bhrâtarau ca vibhajya prâptam paitrkam râjyam çaçâsuli.

Pertsch : When ihe Majmuat-dâr, after having thus ruled happily for twenty years, passed atvay to the other world, Crîkrsi}a reigned over the kingdom he had gained for himself, and his two hrothers over the divided realtn of their father.

Il ne faut voir là probablement qu'une confusion de cas ou une des incroyables anacoluthes que se permet l'auteur de cette chronique (voy. l'Intro- duction de Pertsch, p. vill).

Un cas plus extraordinaire encore nous est offert dans le Bhâgavata-Purârta, VIII 6, 21:

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