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346 LE SUFFIXE -T-,

du suffixe. Na-pt-i et le sanscrit na-pt-ar ont perdu un a, qui s'est conservé dans le zend na-pa-t, le sanscrit na-pâ-t, le lat. ne-pô-f. Suivant M. Kuhn le sens primitif de nepot est à peu près celui d'impôt^. S'il y a eu dans na-p(a)H adjonction d'un sufï. ti à la racine, le sens du mot devrait être quelque chose comme «impuis- sance»; la difficulté disparaît au contraire dès qu'on considère ti comme l'élargissement du sufF. t qui est dans na-pa-t, et napti comme une sorte de nom dérivé.

Le grec montre un thème vukti dans des composés comme vuKTiqpopo; on trouve dans la langue védique et en gotique un thème correspondant en ti. Est-ce à dire que vukt soit un thème mutilé? En aucune façon, et ce serait renoncer à comprendre le dat. plur. got. naht-ani, le sanscrit uakt-a, le lat. noct-u, noct-ua, qui sont autant d'amplifications différentes d'un thème nak-t.

A côté du thème lat. os-si (pour osti^ sanscrit asthi) on trouve les formes archaïques ossum, ossu. M. Corssen les explique par une voyelle hystérogène survenue après que la chute de l'i eut laissé la place libre à cette formation nouvelle (Aiissprache, II, 597). Selon nous le thème primitif était as-t\ de là sont partis différents élar- gissements, parmi lesquels il faut nommer encore le sanscrit as-th-an et le grec ôcr-x-o dans ôffioboxeio.

Quelques mots sur le gérondif sanscrit en tja. Ce gérondif est reconnu pour appartenir au suff. ti dont il est probablement un instrumental abrégé^. Il se forme sur les racines terminées par une voyelle brève, précisément celles qui montrent encore le suff. / immédiat. Cp. ni-kr-t-ja, vi-gi-t-ja avec karma-kr-t, sarva-gi-t. La langue ancienne connaît encore des gérondifs en tja formés sur des racines consonantiques : c'est là la trace d'un emploi bien plus général du suff. t qui plus tard s'est restreint à une classe de ra- cines. Peut-être même les gérondifs en ja sont-ils pour tja et c'est là l'opinion de Schleicher {Gompend. 2® éd., p. 451). Ainsi se ré- soudrait la difficulté que rencontre Bopp {Ausfiihrl. Lehrgeb., § 638): à savoir comment, ja étant l'instrumental de t, il a pu se déve- lopper sur des racines vocaliques: adhi-bhû-ja, â-dd-ja. Le fait que dans les verbes dérivés la syllabe ja s'ajoute directement à la racine s'accorde aussi très bien avec le mode ordinaire de forraatioh* du suffixe t-i^.

1. Il faut peut-être rapprocher de ces mots le grec wr\mo (vr|-m.;o) et wr\- nu-T-io où l'a se serait affaibli en i et en u.

2. Il en est à peu près du suff. tvara comme du sufï. ti au gérondif; il

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