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LE SUFFIXE -T-. 347

Suff. t-u. — Son principal emploi se trouve en skr. dans l'inf. en t-um et it-îim ; le gérondif en tvâ appartient au thème élargi tva ^ Le même sufl&xe donne des noms d'agent comme jâ-t-u, gan-t-u. En grec nous trouvons presque uniquement des noms d'action fémi- nins : Ppuj-T-u, buu-T-u ; èb-r|T-u^. En latin le supin en t-û, it-û, les noms en t-u, it-u: par-t-u, frem-it-u.

On voit que t-u se développe soit sur le t immédiat soit sur le t médiat. Cette dernière formation est bien nette dans èTU-|Lio qui vient d'un subst. *èTU comme baiTU)iiov de baiTu; *èT-u, ainsi que le montre èi-eo = sat-ja, est formé sur le part. prés, du verbe substantif, s-at. Le sanscrit sat-tva est une formatioii secondaire.

Nous ne pouvons poursuivre cette exposition dans toutes les ramifications du sujet. Une dernière question que nous proposons est celle-ci : le suff. tvana, grec auvr| (adj. auvo) serait-il à l'origine un suffixe primaire appartenant à la même formation que tuf C'est ce que semblent indiquer des formes comme becr-TTO-ff-uvo (forme première : i^a-t-vana) ^, tti-ct-uvo pour irid-a-uvo (bhidh-t-vana), eù-qppo- (T-uvri pour eu-cppov-ff-uvti {-bhran-t-vana). Peu nous importe ici que tvana doive se décomposer en tva — na ou tva — ana (ou même en tu — ana, puisque nous y voyons un suffixe primaire). M. Aufrecht qui est dé la seconde opinion rapproche les inf. sanscrits en tvânam comme pîtvânam (Journal de Kuhn, I, 483), ce qui s'accorderait avec notre point de vue. Peut-être faudrait-il alors comparer le lat. t-ûno dans Nep-t-ûno, For-t-ûna (à côté de For-t). Porfûno dérive probable- ment directement de portii.

Nous croyons aussi devoir assigner une origine primaire au suff. tât, grec TriT, qui dans le Vêda s'est ordinairement élargi en tâti^.

perd son t après une consonne. De même d'un élargissement du suff. ti: tju dans mr-t-ju, cp. çundh-ju, et de quelques autres.

1. Voy. l'article de M. Barth, Mém. de la Soc. de Lingu., II, p. 238. — Le gouna facultatif et quelquefois obligatoire qui frappe les racines devant U-và, tandis que t-vâ demande au contraire la forme faible, s'accorde bien avec notre théorie où it-va n'est qu'une amplification de at (part. prés, parasm.).

2. Pour l'allongement de la voy. cp. sanscrit gtv-ât-u et aussi les mots grecs en tit mentionnés plus bas.

3. Qu'on renonce en tous cas à identifier le sanscrit patitvana: quand b€(JiToauvo serait une forme syncopée, il le serait de beairoToauvo et non de bcaiTOTiauvo. — auvri en passant dans les suff. secondaires n'a fait que suivre l'exemple de plusieurs proches parents, entre autres du suff. Tr|; lîrnoauvri : beOTToauvri = l-rr-troTri : beoTroTr].

i. Nous croyons avec Bopp que l'accord du grec, du zend et du latin (outre les formes védiques dêvaidt, vrkatât) permet de regarder la forme sans i comme

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