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432 SUR UN POINT DE LA PHONÉTIQUE DES CONSONNES EN INDO-EUROPÉEN.

prétation particulière de ce *petrom comme étant pet-trom. Mais c’est la légitimité même du prétendu *petrom qui fait doute, car la racine pour «voler, se mouvoir en l’air» est clairement dissyllabique: skr. pati-ta-s, gr. πέτα-μαι dans Pindare. L’indo-européen n’a pu former ni *pet-tro ni pet-ro, mais seulement *pétA-tro-, *pétA-ro-, ou bien avec chute de l’e radical ptA-tró-, ptA-ró-. Il est à noter que le zend patereta- «ailé» n’a pas d’autre origine possible que petA-ro-. Il ne peut représenter un skr. patr̥ta-, chose informe, ni un skr. patrita- qui donnerait paiθrita-, ni un skr. patarita- qui n’ex- pliquerait pas -ere-: il ne reste que patirita- de *patirani = *petA-ro-m, avec lequel s’accorde le germ. feþrō- en raison de la suppression régulière de a non accentué (cf. duhitar-, tohter) et peut-être gr. πέταλον malgré πετάννυμι. Le grec πτερόν de son côté indique du premier coup *ptA-ró- et ne comporte aucune autre explication. Seul l’indien patram soulève une difficulté, dont la solution reste à trouver.