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UNE LOI RYTHMiyUE DE LA LAX(ii:E (iREOQUE. 471

ôéaqpaxoç est sûrement syncopé de *8ecrôq)aT0ç {Curtiu&^Grundz:^ p. 509).

M. Wackernagel (Journal de Kichn, XXV, 260 seq.) a rendu indubitable, sans l'expliquer complètement, le fait que Tadjectif numéral eïvaTOç, ëvaioç, est sorti de *ëv/aTOÇ. Cette forme in- compréhensible devient à peu près claire si l'on remonte plus haut encore jusqu'au primitif *è-vé./a-Toç. Le deuxième € est syncopé pour éviter une succession de trois brèves. Il faut ajouter que le nombre cardinal èvvéa vient, par une syncope toute semblable, de

  • èv(e)vé./a. Une telle restitution peut paraître étrange, mais si l'on

considère que vv, dans le dialecte attique, a ppur seule origine possible V -f v\ les termes de la question se trouvent singulièrement réduits, et la solution proposée s'appuie en outre sur èvevrj-KOVia. A son tour èvevrjKOvra offre une troisième application du même principe : il est issu de ■■•'evev(e)Jf|-KOVTa, '•'èvev/n-KOVTa. Deux formes fondamentales devront donc être posées pour le nombre neuf: 1" *Êve/a-, 2*^ *èvev€/a. La difficulté de les concilier avec celles des idiomes congénères est grande, mais je ne sache pas qu'elle soit moindre pour les formes admises jusqu'ici.

On n'a guère ai)profondi par suite de quel phénomène phonéti- que le Varuna des Hindous devient oupavôç en grec. Peut-être doit-on poser oùpavôç = '•o-J^(e)pavôç, le tribraque entraînant la syncope. Une hypothèse semblable rétablirait l'accord entre eivàiepeç et le latin janUrices, en ramenant le mot grec à *è-j(a)vaTepeç.

En regard de dqpevoç, l'adjectif àqpveiôç suppose un primitif •■•■àqpeveoioç synco^oant sa deuxième brève.

Comme le double o dans ôpÔTuia est justifié étymologiquement par ôpéYUJ et par TrevT-ujpuTOç = irevx-ôpYuioç^, il faut qu'ôpTuiâ soit pour *ôpoYUïd, ■••ôpOYUcTid. En revanche, la terminaison féminine -i5 remontant à -ji parjoc/, il était naturel que le primitif d'ôpÔYuia, '••ôpÔYuaJa (uu — u), demeurât sans syncope. La forme ôpYUifi est un mélange des deux autres.

h. ^ -^ •w devenant -^ — .

La comparaison du sanscrit fait croire que l'adjectif èpuOpôç est pour *èpu6ep6ç ou •'èpuOapôç.

1. On objecte ëvvujii = *éa-vu|ui: mais la pro.se atti<iue ne connaît qu'àju- 9i^vvu|ai, ((ui est une modification analogique d'*à|nqpie{vu,ui, née sous rinfluence de la classe Kopévvufai traitée plus bas. L'aoriste rmqpieaa peut servir à prouver que la relation du verbe composé avec le simple était complètement oubliée.

"1. Ce mot semble tiré du simple *ôpoYri, comme buç-djvufioç du simple ôvo|ua.

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