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472 UNE LOI RYTHMIQUE DK LA LANfiUE (inECi^H'K.

L'homérique xavaÙTTOuç est une forme poétique, il est vrai, maiy trop singulière pour que le poète ait osé l'employer sans la sanction de l'usage populaire; cette forme est produite par la syncope de l'omicron dans *Tava./'ÔTrouç.

éKarepOev pour ^'^éKaTepoOev se trouve en prose dans Arétée.

c, ^ ^-^ ^ devenant ^ ^.

beHiT€p6ç au lieu de '■^beHioTepôç. Appartient, il est vrai, à la langue poétique.

Le doublet è6éXuu, OéXiu, est dû peut-être au désir d'éviter les trois brèves du pluriel (è)6é\o|uev. A l'époque historique, les deux formes sont emplo3'ées indifféremment.

Dans le féminin Xdxeia d'èXaxùç (Odyssée, IX, 116; X, 509), l'abandon de la voyelle initiale ne peut se justifier directement; mais il a pu commencer par les cas obliques du masculin, qui contenaient trois brèves consécutives (èXaxéoç, etc.).

L'homérique èTrnYKevîbeç suppose en dernière analyse *èTT-eveK- evibeç, de la racine èveK- qui se constate dans boup-iiveK-iiç, èv-:îvox-a. A l'aide de l'allongement régulier traité plus haut, on obtenait *èTr- ilveKeviç. Ceci pouvait suffire au nominatif singulier; mais les cas augmentés du crément, comme *è7T-riveKevibeç, exigeaient un nouveau remaniement, auquel il fut pourvu par la syncope d'un e. En vain, pour éviter d'admettre la syncope, recourrait-on à la forme radicale abrégée èyK- qui existe dans ôykoç, ev-eYKeîv, et dans le parfait èv-r|v-eTKTai des inscriptions attiques. Car alors Tri d'èn- HTKevîç deviendrait inexplicable. La voyelle d'une syllabe longue «par position» ne s'allonge point en entrant dans un composé^;

  • €Tr-eYKevîç n'eut jamais l'ait èir-riYKeviç.

L'exemi:)le qu'on vient de voir, où deux tribraques ont dû être successivement éliminés, est précieux en ce qu'il permet une con- clusion chronologique intéressante. 11 prouve que l'emploi de la. syncope, comme remède au tribraque, est postérieur à celui de Vallouçie- ment vocaliqiie, puisque la présence de la deuxième voyelle, actuelle- ment syncopée, était nécessaire pour que la première s'allongeât.

Est-il permis de rattacher à la règle générale "AaKXnTxiYéveia en regard d'AcTKXriTriôbiJupoçr' Dans l'affirmative, les formations comme AiovOaiKXfiç, où la syncope semble arbitraire, seraient faites

1. Cette règle n'est violée qu'en apparence dans »i)|u-riOT»^ç, ûv-r|aTtç, bemv rjOTÔç^ &opn-ri<JTÔç, de la racine éb- (ëb|nevai). De nombreux indices établissent «^ue la véritable forme de cette racine est f)b-. r)e l;'i Vr] persistant de ses composés.

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