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TERMES DE PARENTE CHEZ LES ARYAS.

(Extrait d'une lettre adressée à M.A. Giraud-Teulon, publiée en appendice p.494s([. dans rouvra!,'e de celui-ci, les Origines cln mariage et de la famille, 1884 )

Pour répondre à vos questions sur la nature de la famille chez les Aryas d'après les témoignages linguistiques, je puis me borner h énumérer les noms de parenté dont l'existence dans la langue mère indo-européenne est hors de toute contestation, en mettant en regard la signification certaine ou très probable que chacun d'eux a dû avoir dans cette langue. Les réflexions qu'on peut joindre à ce tableau sont celles qui se présenteront à tout le monde. Il ne faut pas, en effet, attendre de la linguistique l'explication étymologique des noms en question: les essais bien connus qui ont été faits dans ce sens ne méritent pas une attention sérieuse. Il n'y a qu'un seul nom de parenté de cette époque, silmis, fils, dont l'étymologie soit claire: il dérive d'une racine qui signifie engendrer, ou plus parti- culièrement à ce qui semble, enfanter, mettre au monde, se rapportant à la mère seulement. Encore ce mot manque-t-il aux langues classiques, ce qui ne permet pas de le faire remonter, aussi sûre- ment que les suivants, à la première unité indo-européenne. Il appartient en tout cas h une période fort ancienne, vu l'accord du sanscrit snmis, du lituanien sûnus, du slavon synii, et du gotique simus (allemand Sohn). — Les autres mots à citer sont: Pater, père; Mâtèr, mère; Dhiighatcr, fille; Bhrâtêr, frère; Sivesôr, sœur; Nepôts, petit-fils, ou neveu, ou peut-être tous deux (c'est-à-dire désignation d'une catégorie qui n'aurait pas d'équivalent dans l'organisation actuelle de la famille).

'A-be\qpôç équivaut à co-utérin (à-, particule indiquant la com- munauté ou l'unité, et beXcpûç, matrice). Le mot (ppotirip a subi une révolution dans sa signification ; il est sorti absolument du cercle des noms de parenté, de même que le vieux nom de la sœur {swesôr; eanscrit svasar-). Celui-ci est aboli et remplacé par dbeXcpri^ On

��L En revanche tons les autres noms de parenté de l'époque primitive sont conservés irarrip, lunTrip, OuyâTrip, baiîp, civoÎTepeç, éKupô^, vuôç, àve»viôç. — Les deux mots des anciens temps pour frère et so'ur ont i)ersisté dans toutes !os aiilro»^ lirnnciif^'^ d»^ la famille indo-enropéonne.

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