Page:Saussure - Recueil des publications scientifiques 1922.djvu/592

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

582 d' uj^r)\ucriç a TpmTÔXeMOç.

d'ôXai|aetiç, on peut difficilement supposer que celui des grains d'orgo ne fût pas ô\ai|UOi. La forme peut avoir été féminine, ce qui n'importe pas; en revanche toute la glose resterait comme dépourvue de son explication la plus naturelle si l'on n'ajoutait la correction: ôXeiioi, et ôX€|Lieùç.

Aussi sûrement, en efftt, que la fidélité générale au détail orthographique est grande dans le lexique hésychien, ce qui seul lui a permis d'être, ou de rester jusqu'à nous le recueil inestimable qu'il est, autant il serait vain de nier (nul ne le prétendant du reste) la présence de nombreuses gloses entachées soit d'itacisme soit de l'erreur de même ordre: ai pour €. Les exemples sont trop abon- dants pour avoir sérieusement à être apportés, ils se trouvent comme à chaque page.^ Mais si l'erreur ôXai)aeiJç pour *ôXe|ue\jç était toute naturelle, on ne saurait guère douter que la forme juste ne fût en effet cette dernière; aussi bien par l'improbabilité morphologique d'une forme ôXaijiioç, que par la probabilité sous ce point de vue d'ôXe-)aoç, si les raisons que nous en avons indiquées sont bonnes.^

Est-il hors du degré de circonspection juste qu'on doit ol)server sur un tel terrain de songer, — si ôX€|uoç est donné, — à ce que contiendrait alors la finale de TpiTTTÔXe,uoç'? C'est une entreprise qui peut être en général taxée, en étymologie, de jeu très pitoyable que de s'attaquer à des formes limpides pour vouloir y trouver autre chose que ce qu'elles donnent d'emblée. Mais les entreprises de l'étyraologie populaire égalent ou dépassent en ingéniosité celles du grammairien, c'est là le facteur à ne jamais oublier complètement.

1. Pris au hasard, boitai • \a.u-irâbeç (beTaî, comme le remarque M.Schmitlt), iratTaupa pour ttéTaupa, qpaivaicîZei ((pevaKxlei , alcTTia, aïxiJaTa éOTÎa, ixi^aTu . Un des cas le plus inattendus est celui d'une glose TteZôç, bien écrite par €. mais figurant alphabétiquement à la suite de irairiova, montrant ainsi ce qu'ont pu réaliser dans ce genre deux ou trois générations de scribes: la premiéic écrivant ai pour e, la seconde portant le mot sous l'alpha, la dernière ne s ' donnant plus la peine, en le rectifiant, de le remettre à la place primitive.

y. On ne peut laisser sans mention ici ôA|lioç. mortier à piler. Si, maigiv l'esprit rude, il se rattache à nos mots pour moudre, écraser le grain, son groupi ôX- devient une indirecte confirmation de la base éXe- d'où procède ôXe-|iioç. Il faudrait, pour mettre en bonne lumière ce point, des développements que non- ne pouvons nous permettre à cette place, et qui tendraient à faire voir que h type TÔp-voç en regard de Tc'pe-rpov n'a pas à passer pour fortuit ou anormal, mais pour bégllier (de même Ppov-Tr) contre -Ppeiu^-Triç, ôpqp-vri contre ipi(p-w. ci-fK-oç contre éveK-, TÔX-jna contre TeXa-faubv, irÔT-jaoç contre ir^Ta-Mcn. et<"-i Ceci n'empêche pas des doublets, dûs aux réfections postérieures: tels it6t-,uoç et iroTa-)ti6ç, aX-|ioç et ôXe-iaoç.

�� �